On a donné rendez-vous à Arnaud Montebourg dans un gastro marocain tenu par un Kabyle. A deux pas de l’Assemblée nationale. Un clin d’oeil. Dans son livre programmatique Des idées et des rêves (qui vient de paraître chez Flammarion), le député de Saôneet-Loire parle de son grand-père algérien, de ses origines, une nouveauté. « On croit […]
On a donné rendez-vous à Arnaud Montebourg dans un gastro marocain tenu par un Kabyle. A deux pas de l’Assemblée nationale. Un clin d’oeil. Dans son livre programmatique Des idées et des rêves (qui vient de paraître chez Flammarion), le député de Saôneet-Loire parle de son grand-père algérien, de ses origines, une nouveauté.
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« On croit toujours que je suis un dandy parisien, eh bien non, je suis un campagnard qui descend d’un Algérien. » Mais attention, pas touche à sa vie privée, hein. « J’ai fait deux procès à des mags people. » Message reçu 5 sur 5 : pas de question sur Audrey Pulvar, sa compagne.
« La banquette pour vous, honneur aux dames. » Sympa. Montebourg est affamé. Il dévalise les amuse-bouches. Le lendemain, dans son fief de Frangy-en-Bresse, il officialise sa candidature à la primaire socialiste dont il est l’un des artisans.
« J’ai soutenu Aubry et Ségolène jusqu’au bout, je les estime, maintenant il faut que je porte moi-même mes idées. »
« Des idées » : en tout cent propositions pour engager le pays dans le renouveau productif, la mutation écologique de l’économie, mettre la finance au service du bien commun, développer le capitalisme coopératif, démanteler les paradis fiscaux, désendetter…
Les douze travaux d’Hercule. « Et des rêves », aussi, hein ! Une posture hors des clous de la nouvelle tendance réaliste, incarnée par les DSK, Moscovici, Valls, Hollande, qui font valoir qu’en 2012 faudra pas trop rêver, justement.
Montebourg prend des accents lutherkingiens : « Qu’est-ce qu’un rêve…? Une chose que l’on croit inaccessible mais qui par volonté peut se réaliser. » Quand on lui fait remarquer que les rêves ont un coût, ses doigts se figent dans le maïs grillé.
« Je ne me sens pas concerné : ma candidature est une candidature de transformation, pas de gestionnaire du système. Il faudra affronter la dette, mais l’horizon que nous décrivons est une vision de société. » Skrounch, skrounch.
Le serveur dépose une entrée, chaude et appétissante. On demande à Montebourg de se situer entre l’aile gauche du PS de Benoît Hamon et l’aile droite de Manuel Valls.
« Vous ne pouvez pas me mettre dans une case, mes cent propositions constituent un alliage nouveau d’idées de différents partis. » Beaucoup de transformation écologique, un peu de sécuritaire à la sauce Chevènement, la réhabilitation du capitalisme coopératif – « du socialisme dans le capitalisme ».
Très à gauche, ça, non quand même ?
Montebourg s’emporte : « Je ne sais pas si c’est plus à gauche ou à droite ! Il est blanc, vert ou rouge ? Vous êtes paumée ? Vous jugez avec des catégories anciennes un système nouveau. »
Et DSK, vous pensez quoi de DSK ? « Vous connaissez son projet ? Moi pas. » Il s’énerve. Les querelles du PS ne le concernent pas. Lui, il s’intéresse « au redressement de la nation ».
Contre l’ennemi ultime : la finance. Comment ? Grâce à la démondialisation et à un certain protectionnisme. « Sinon, on finira esclaves des grandes zones productives du reste du monde dans un protectorat sino-américain. » Arrive un couscous royal. Deux bonnes louches de semoule, des légumes, de la sauce et une saucisse.
On en profite pour parler du « nouveau Sarko ».
Il s’emporte encore : « Vous faites de nous des commentateurs, je ne suis pas Alain Duhamel. Avec les chaînes info et internet, on est obligés de faire votre boulot, le système médiatique est dingue ! »
On nous avait vanté la convivialité berbère, on n’est pas déçu. La conversation continue sur les plans de rigueur en Europe. Il s’interrompt. « Monsieur, s’il vous plaît, un peu de sucre et de cannelle. » Il se sert trois grosses cuillerées de semoule, asperge abondamment de sucre et de cannelle, mélange le tout. « C’est du couscous comme je l’aime, du vrai, sans chorba, c’est mon dessert. Vous en voulez ? »
Anne Laffeter
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