Dans son costume de polémiste de gauche d’On n’est pas couché, Aymeric Caron mord parfois. On se souvient d’un jour où, face à Éric Naulleau, il donnait même l’impression d’avoir bouffé du lion. Dans le civil, il est pourtant du genre très végétarien. Ou “végé” comme on dit ces temps-ci pour faire cool. Lui, ça […]
Dans son costume de polémiste de gauche d’On n’est pas couché, Aymeric Caron mord parfois. On se souvient d’un jour où, face à Éric Naulleau, il donnait même l’impression d’avoir bouffé du lion. Dans le civil, il est pourtant du genre très végétarien. Ou « végé » comme on dit ces temps-ci pour faire cool. Lui, ça fait vingt ans qu’il a renoncé à l’entrecôte-frites. Et à l’heure où Burger King rouvre en grande pompe en France, il publie un livre sur ses années sans viande et les raisons pour lesquelles, dit-il, l’humanité entière devra bientôt faire comme lui. Han. Le titre ? No Steak. Même pas à point.
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Après avoir hésité à lui proposer une virée à Hippopotamus, on lui a laissé choisir le restau parce que « le végétarien est une plaie à inviter ». On s’est donc donné rendez-vous dans sa cantine habituelle, Aquarius, dans le XIVe arrondissement. La déco y est vieillotte, on y mange des saucisses de céréales et, en l’attendant, on a entendu à la table voisine, une jeune femme dire à son acolyte bio : « Tu veux pas qu’on partage un velouté en entrée ? » Heureusement, à cet instant précis, Aymeric Caron est descendu de sa moto. Sans blouson de cuir puisque, défense des animaux oblige, il s’interdit d’en acheter. « Ça m’horripile d’entendre des gens dire aimer les animaux et se foutre totalement de savoir comment ils sont morts avant d’arriver sur leur dos ou dans leur assiette. »
Dans les dîners, il fait de la provoc : « Je m’amuse à décrire avec force détails l’existence sacrifiée de l’agneau ou du canard qui a fini par passer au four et nous arrive en pièces détachées sur la table. » Effet garanti. Parfois, c’est lui qui prend des retours de bâton. « Je suis restée longtemps avec une fille, on s’est séparés et plus tard, j’ai appris qu’elle avait dit : ‘Pour moi, être avec un végétarien finalement, c’était vraiment pas possible.' » Dure vie de végé. D’où ces confessions, mais pas que. No Steak est aussi hyper documenté. » Je voudrais que ça devienne un ouvrage de référence pour tous ceux qui s’intéressent au végétarisme. » Ce livre, c’est son deuxième. Le précédent, Envoyé spécial à Bagdad, récit de deux mois comme reporter dans un pays en guerre, était sorti en 2003. Un sacré gap avec l’actuel. « Il faut reconnaître que j’ai un parcours bizarre », sourit-il au dessus de son coleslaw.
Après avoir couvert plusieurs conflits (Kosovo, Afghanistan et Côte d’Ivoire), il a présenté (entre autres) la matinale d’Europe 1 puis une émission de documentaires sur Direct 8. Depuis septembre 2012, il forme un duo avec Natacha Polony dans l’émission de Ruquier : « Ça se passe très bien, sauf des points de désaccord profond, comme sur le mariage gay et le cannabis. » Lui est pour la légalisation de l’un et la dépénalisation de l’autre. Mais pour le premier, il n’ira pas manifester pour autant. « J’ai le luxe incroyable de pouvoir dire ce que je pense à la télé ; la limite, c’est le militantisme et maintenant j’ai une trop grande visibilité pour m’afficher. » Revers de la médaille cathodique, depuis la sortie du livre, il a été contacté pour devenir tête de gondole d’associations de défense des animaux. Là aussi, ouf, il dit non.
Alors on lui demande si la prochaine étape sera de devenir végétalien ? Pas sûr, même s’il a déjà arrêté de boire du lait. Il a plutôt pour projet d’écrire un livre sur « le décryptage de l’information, les chaînes infos, l’info spectacle, les journalistes qui, comme aujourd’hui dans le cas du Mali, reprennent mot pour mot les communiqués du ministère de la Défense… » Mais revenons aux choses sérieuses, on n’a pas partagé de velouté, commandé du quinoa parce que, nous apprend Aymeric, l’ONU a décrété 2013 année de cette céréale bolivienne. Lui a pris, comme d’habitude, le feuilleté aux pleurotes qu’il « adore » et laissé tous les légumes autour. Bon appétit quand même.
No Steak (Fayard), 360 pages,19 €
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