Dans Intifada Rap, le photographe Pierre Mérimée et le journaliste Jacques Denis se sont intéressés à la naissance du hip-hop au Proche Orient. Interview. En février dernier, la LO/A (Library of Art, 17, rue Notre-Dame de Nazareth, Paris 3ème) a entamé « The Faith of Street », un cycle consacré au hip-hop des origines. Si ce mouvement […]
Dans Intifada Rap, le photographe Pierre Mérimée et le journaliste Jacques Denis se sont intéressés à la naissance du hip-hop au Proche Orient. Interview.
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En février dernier, la LO/A (Library of Art, 17, rue Notre-Dame de Nazareth, Paris 3ème) a entamé « The Faith of Street », un cycle consacré au hip-hop des origines. Si ce mouvement a émergé aux Etats-Unis dans les 70’s au sein des cercles jazz et funk, il n’a commencé à poindre en Palestine qu’à la fin des années 90. C’est justement l’objet de l’ouvrage qui a été présenté le 20 juin à la LO/A : Intifada Rap. Dans ce beau livre publié pour la première fois (en édition limitée à 1000 exemplaires), le photographe Pierre Mérimée et le journaliste Jacques Denis racontent le quotidien de la jeune scène hip-hop en Palestine en 2006. Les textes (en anglais, traduits en français en annexe), les photos prises sur le vif et les divers documents (schémas, partitions, notes de carnets) réunis dans Intifada Rap permettent de mieux comprendre l’importance de l’arrivée mouvement hip-hop au Proche Orient avec la création du crew DAM en 1998, entre les deux soulèvements dans la région en 1987 et 2000. Au fil des pages, on découvre les trois membres de DAM, le rappeur Mahmoud Shalabi (du groupe MWR), les musiciennes d’Arapyot ainsi que le chanteur Said Mourad. La mixité des parcours de ces artistes (Israéliens, Israélo-Arabes, Palestiniens, immigrés clandestins Jordaniens) et la vigueur de leur engagement pour la paix est un message d’espoir réconfortant. Entretien avec Pierre Mérimée.
Comment vous êtes-vous rencontrés avec Jacques Denis ?
Pierre Mérimée : C’était au printemps 2001, au Brésil, lors d’une commande pour illustrer le Rio de Lénine. Je vivais à Sao Paulo depuis trois ans et Jacques à Paris.
Comment avez-vous ensuite fait la connaissance des membres du groupe DAM ?
Nous avons rencontré DAM à Londres, dans un bar, avec leur manager de l’époque, déjà dans l’optique de réaliser un sujet sur eux. On les a ensuite revus sur Paris, en concert au Cabaret Sauvage.
Comment s’est passé votre reportage en Palestine ?
On a été accueillis par DAM, notamment par les deux frères Nafar, un peu comme si on arrivait dans une famille napolitaine : présentation à la famille, boissons chaudes, petits gâteaux… Notre trajet s’est ensuite dessiné sur place. Partis avec une série de contacts, on a calé nos rendez-vous au fur et à mesure : Jaffa, Lod, Ramla, Acre, Haïfa, Bethleem, Nazareth, Ramallah, Shu’Fat, Jérusalem, Tel-Aviv et le no man’s land proche de Jérusalem. Nous sommes repartis très tendus, très fatigués, après des milliers de kilomètres et avec un passage en douane qui a duré trois heures et des photos dissimulées qui sont bien passées.
Que sont devenus les protagonistes du livre depuis 2006 ?
Tout est plus difficile pour eux. En même temps, ils sont très énergiques, actifs et solidaires. Beaucoup de choses se passent par internet. Sur les réseaux sociaux, j’ai suivi l’évolution du groupe DAM. Ils viennent de jouer en Cisjordanie à Ramallah et Naplouse, ainsi qu’à Ramla, une ville difficile proche de Tel-Aviv. Suhell Nafar est réalisateur et travaille à New York. Son frère Tamar est basé en Israël. Mahmood Jrere est graphiste et vit à Ramallah. Mahmoud Shalaby est devenu comédien et il a joué dans des films projetés en France : « Le Fils de l’autre » avec Emmanuelle Devos et « Une bouteille à la mer » de Thierry Binisti.
Texte: Hélène Brunet-Rivaillon
Photos: Pierre Mérimée
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