Comédien en décalage permanent, il revient sur scène avec son spectacle Looking for Mister Castang, évoque Modiano, Mesrine, la crise et le duel Aubry/Royal.
Vous remontez sur scène avec une nouvelle version de Looking for Mister Castang…
Oui, on a réécrit tout le spectacle – on l’avait écrit pendant qu’on répétait –, là il est un peu plus abouti. Mon rôle est plus étoffé. On a tourné aussi, beaucoup. Il y a des endroits où on nous annonçait comme très “parisiens”, et finalement tout le monde riait de bon coeur. En Lorraine, par exemple, (rires), on a beaucoup fait rire.
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La scène, c’est toujours votre priorité, devant le cinéma ?
Oui, toujours, la scène c’est un truc de vie en commun, on tourne, c’est la vie de roulotte un peu. La troupe de Castang est dingue, les acteurs ont tous des vies très différentes. Il y en a une qui tourne avec le Cirque du Soleil, et qui prend l’avion pour venir jouer avec nous de temps en temps. Il y en a qui font du théâtre de rue, donc forcément on ne les voit pas toujours parce qu’ils sont dans les rues. Un autre est professeur de danse orientale au Caire… Mon spectacle est une parenthèse dans leur vie professionnelle, c’est tout, et c’est bien.
Vous tournez aussi avec des lectures d’Un pedigree de Patrick Modiano… Oui, mais je le sais mon Modiano, hein, je ne fais pas que le lire (rires). Modiano, c’est la récréation de Castang, et vice-versa. Modiano, j’ai beau être seul, j’y vais presque plus détendu que Castang ; parce que j’ai une confiance infinie dans le texte, je sais qu’il est très beau. Quand on dit un texte à soi c’est autre chose, hein.
Quelles sont vos dernières lectures ? Vous avez lu la correspondance Houellebecq/BHL, par exemple ?
Pas en entier, je n’ai lu que des extraits. Houellebecq, c’est surtout un très bon poète pour moi ; là, il y a l’acteur Hugues Quester qui lit ses poèmes sur scène, c’est vraiment sublime. J’ai redécouvert la poésie de Bukowski aussi récemment, c’est très compliqué mais c’est très beau, je lirais bien ça aussi…
Vous n’avez pas peur de vous “luchiniser” ?
On est très injuste avec Fabrice Luchini. Il fait découvrir des textes de façon extraordinaire. Le type fait le job, il est d’une rigueur et d’une honnêteté incroyables avec les textes. Après, on pense ce qu’on veut du personnage médiatique, de ces fois où il fait le guignol à la télévision.
Que pensez-vous de l’actuelle réminiscence seventies, avec les films sur Mesrine et la bande à Baader ?
Dans mon spectacle, j’ai une chanson qui s’appelle C’était mieux avant, et aussi un type qui pense que Mitterrand n’est pas mort et qu’Obama, c’est lui. Les gens ont besoin de nostalgie. Ce sont des modes. Un moment, tout le monde faisait du stand-up, après tout le monde regardait des séries. Moi je ne suis pas fasciné par Mesrine, même si j’ai vu le premier et que je trouve Vincent Cassel très puissant dans le rôle.
Les types qui veulent passer à l’action et faire sauter des trains, vous en pensez quoi ?
Ça se durcit en ce moment, on le voit. Il y a toute une partie du mouvement altermondialiste qui se radicalise, il y a une sorte d’état d’urgence. La crise financière fait du mal. Je suis de la génération qui a vu passer le capitalisme d’industriel à financier, et c’est devenu une sorte d’abstraction totale. Tout est devenu tellement ubuesque que les gens se radicalisent. Je suis désolé pour ceux qui perdent de l’argent ou qui en subissent les conséquences, mais si l’on peut abattre à terme cette folie financière, c’est une bonne chose.
Qu’avez-vous pensé de l’affrontement entre Martine Aubry et Ségolène Royal ?
Ça m’a passionné. J’ai aimé ces moments où tout le monde disait “Il faut arrêter le ridicule”, mais en même temps tout le monde trouve les autres ridicules sauf soi. Tout le monde a trouvé ce déballage public inacceptable, mais personne n’a su l’empêcher vraiment. C’est un peu comme à la guerre, quand on dit aux soldats : “Arrêtez de vouloir vous battre”. Oui, bon, c’est un peu n’importe quoi.
Propos recueillis par Pierre Siankowski
Looking for Mister Castang, du 16 décembre au 10 janvier au Théâtre Marigny, Paris VIIIe, www.theatremarigny.fr, tél. 01.53.96.70.00
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