Le jeune homme de 21 ans interpellé jeudi soir lors de la visite de Nicolas Sarkozy en Seine Saint-Denis a écopé vendredi de 35 heures de travaux d’intérêt général pour « outrage » au Président et aux policiers et « rébellion ».
Il est arrivé par la petite porte, celle du dépôt du tribunal, au grand dam des journalistes qui n’ont pas pu capturer son image. Robuste, le cheveux ras, le jeune homme de 21 ans a le visage marqué par l’interpellation musclée dont il a fait l’objet jeudi soir, lors d’une visite de Nicolas Sarkozy en Seine Saint-Denis.
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Poursuivi pour outrage au chef de l’Etat, outrage aux fonctionnaires de police et rébellion lors de son interpellation, Mohamed B., 21 ans, était jugé vendredi après-midi en comparution immédiate au tribunal de Bobigny.
« Va te faire enculer connard, ici c’est chez moi »
La scène s’est déroulée jeudi soir vers 22h45, aux abords de la gare Saint-Denis. Mohammed B. franchit d’abord le premier cordon de sécurité qui entoure le président de la République, en visite surprise dans ce département particulièrement touché par la délinquance:
« C’était une visite de terrain pour aller au contact de la population. On avait pour instruction de laisser passer des gens, au compte-goutte », explique un policier.
Le jeune homme reconnaît ensuite avoir apostrophé le Président d’un élégant:
« Va te faire enculer connard, ici c’est chez moi. »
Et obtempéré lorsque Nicolas Sarkozy, qui n’aurait pas entendu la première fois, lui demande de répéter sa « question ».
« Je voulais exprimer que j’étais pas d’accord avec lui, avec ce qu’il fait, avec mon langage à moi », se justifie Mohammed B. qui « reconnaît tout de A à Z », assume et refuse de s’excuser. Ecarté par les policiers, le jeune homme se débat. S’ensuit une interpellation visiblement musclée.
« On a entendu le mot « interpellation », quinze secondes après il était par terre dans une mare de sang. Il y avait au moins quatre personnes sur lui, on ne le voyait plus », assure après l’audience l’un des amis de Mohammed B., qui dit avoir assisté à la scène.
« Il fallait intervenir rapidement et efficacement » compte tenu du grand nombre de personnes et de la peur de débordements, mais aussi du « comportement » du jeune homme, explique un policier à l’audience.
Les forces de l’ordre accusent également Mohammed B. de les avoir traités de « fils de pute », de « bande d’enculés » et autres joyeusetés, ce dont le jeune homme affirme « ne pas se souvenir ». Lui évoque des « insultes racistes » à son encontre, démenties par les policiers.
Le jeune homme, asthmatique, estime « avoir frôlé la mort ». Résultat ? « Une zone ecchymosée violacée qui recouvre son nez, ses pommettes et le dessus des yeux », et qui lui a valut neuf jours d’incapacité totale de travail, précise maitre Saïma Rasool, l’avocate du prévenu. Un jour d’ITT a également été prescrit à chacun des policiers.
Un délit passible de six mois de prison
Le prévenu avait jusqu’alors un casier judiciaire vierge, malgré des antécédents lorsqu’il était mineur, pour « violence » ou –déjà- « outrage et rébellion ». Il vit actuellement chez sa mère, en attente d’une formation de chauffeur de poids-lourd qu’il doit débuter en septembre.
Nerveux lors du procès, s’exprimant de manière désinvolte, il a fait l’objet de plusieurs rappels à l’ordre du juge. Il s’emporte lors du témoignage d’un des trois policiers présents à l’audience, qui évoque son « comportement virulent ». Et hurle, rageur :
« Il ment, il ment, c’est un mytho madame le juge, je vous jure ».
L’outrage est un délit passible de six mois de prison et d’une amende pouvant atteindre 7 500 euros. La procureur avait requis 210 heures de travaux d’intérêt général (TIG), assorties d’un retrait des droits civiques.
Mohammed B. a finalement été condamné à 35 heures de TIG à effectuer dans un délai de 18 mois. « Un jugement très clément », commente du bout des lèvres Maitre Gabet, avocat des policiers.
L’avocate du prévenu avait elle demandé la relaxe, invitant à « ne pas politiser l’affaire », et arguant que « Nicolas Sarkozy savait à quoi s’attendre en allant en Seine Saint-Denis, il savait qu’il n’était pas le bienvenue ». Avant l’audience, l’avocate s’était déjà exprimée sur le sujet (voir la vidéo).
Un journaliste de France 3 giflé par la sécurité
Lors de cette visite surprise, Nicolas Sarkozy a notamment visité la cité des 4 000, à la Courneuve, pour la première fois depuis 2005, où il avait promis de nettoyer la cité au « Kärcher ». Il était accompagné du ministre de l’intérieur Brice Hortefeux, du préfet de police de paris, du préfet de Seine Saint-Denis et du directeur général de la police nationale.
Il aurait, selon l’Elysée, rencontré des chauffeurs de bus, des policiers et des habitants des cités. Et n’a prévenu aucun journaliste. Un journaliste de France 3, présent par hasard sur les lieux, affirme avoir été giflé par la sécurité, en voulant filmer l’interpellation.
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