La plage, le burger, les chats… Instagram a généré ses propres clichés. Radiographie d’un univers aux codes biens définis.
Le burger bien gras (variante : avec à peu près tout ce qui est comestible)
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La photo de nourriture est un classique absolu au point que certains restaurants aux Etats-Unis ont interdit à leurs clients de prendre leur plat en photo. Outre-Atlantique, on parle de « food porn » (pornographie culinaire), un phénomène si courant que certains spécialistes en viennent à alerter la population : prendre systématiquement en photo son assiette avant de manger pourrait être le signe d’un trouble alimentaire sérieux.
L’aile d’un avion en plein vol (variante : le plateau-repas d’un vol long courrier)
Parce qu’être au-dessus des nuages c’est être au-dessus de tout le monde (mais forcément manger mieux).
Les pieds à la plage (variante : la piscine à débordement)
La photo d’été permet de dire « j’y suis », sous-entendu « et pas toi », puisque celui qui la contemple doit être devant un écran pour la voir. Il n’a alors rien de mieux à faire et n’est donc ni à la piscine, ni à la mer, ni là où il fait beau parce qu’avec la luminosité, il est de toute manière impossible de distinguer quoi que ce soit sur un écran. Bonus distinction : quand la photo d’été est postée en plein hiver laissant donc entendre un voyage long et coûteux à l’autre bout du globe.
Le chat (variante : le lapin ou tout autre animal mignon)
Puisque internet a redonné au chat son statut d’animal sacré, il n’est donc pas étonnant de retrouver des milliers de photos de félins sur Instagram où le culte du cute est célébré chaque jour avec plus ou moins d’inventivité.
La « selfie »
Synonyme barbare d’autoportrait, la selfie, si elle est plus ou moins assumée, touche à l’essentiel : la mise en scène de soi sans passer par des moyens détournés. Un passage obligé largement favorisé par les smartphones qui permettent à leur propriétaire de se prendre en photo sans avoir à tourner leur appareil pour se retrouver face à l’objectif. Une fonction et un geste (bras tendu, les yeux fixés sur un écran qui nous renvoie notre image) symptomatiques d’une époque.
Le concert où l’on ne voit rien (variante : la photo floue de soirée visiblement alcoolisée)
Si les écrans de téléphones ont remplacé les briquets brandis à bout de bras dans les concerts, il est toutefois à souligner que jamais personne n’a réussi à prendre une bonne photo de concert avec un smartphone.
Le coucher de soleil (variante : l’arc-en-ciel)
Parce que c’est trop beau la nature, oh ! là, là (et qu’il n’y a parfois même plus besoin de filtre).
L’after-shopping (variante : la photo de ticket)
Donner à voir ses nouveaux achats ou, pire, ses sacs de courses siglés participe à cette grande affirmation identitaire de l’individu moderne qui se définit aussi largement par les objets qu’il consomme. Et permet également de donner, consciemment ou non, une idée de son pouvoir d’achat.
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