Déambulation stambouliote avec l’écrivain turc et prix Nobel Orhan Pamuk.
Peu d’écrivains entretiennent avec leur ville une relation aussi intense qu’Orhan Pamuk avec Istanbul. A travers ce magnétique documentaire en forme de déambulation nocturne, Grant Gee explore l’œuvre de l’auteur du Musée de l’innocence, roman paru en France en 2011 et devenu depuis un vrai musée. Les 83 vitrines de cet étrange musée-fiction, érigé dans un quartier populaire, font écho aux chapitres du livre.
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Comment distinguer les souvenirs de la fiction ?
On s’y engouffre au hasard comme on navigue dans le roman. Le film de Grant Gee oscille entre deux modes de récit : le texte du roman lui-même, accompagné par les images du musée réel, mais aussi les réflexions de Pamuk sur la mélancolie propre à Istanbul – le “huzun”. “Si l’on vit assez longtemps dans une ville, elle finit par devenir le musée de nos souvenirs”, confie le romancier, dont l’œuvre est de part en part traversée par cette question : comment distinguer les souvenirs de la fiction ?
Comme le suggèrent les images magnifiques, Pamuk, déambulant dans tous les recoins d’Istanbul, glane dans l’espace urbain la matière de ses souvenirs et de ses rêves entremêlés. De cette spirale du temps et de cette densité de l’espace surgissent les mots d’un écrivain hanté par la mémoire des lieux autant que par les souvenirs du temps qui passe. Cet éloge de la mélancolie par Orhan Pamuk trouve dans le film un écho sublime, entre rêve et réalité, jour et nuit : le temps de l’innocence.
Innocence of Memories – Orhan Pamuk, éloge de la mélancolie documentaire-fiction de Grant Gee. Lundi 28, 23 h 45, Arte
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