L’ex-otage a déposé puis renoncé à deux demandes d’indemnisation, en France et en Colombie, pour réparer le préjudice de ses six ans de captivité.
Perdre six ans de sa vie dans la jungle, entourée de guérilleros marxistes psychorigides qui te laissent très peu écouter la radio, justifie sans doute, au retour, de demander un dédommagement.
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Pendant sa captivité, outre l’inconfort évident de la situation, Ingrid Betancourt n’a pas touché de salaire, pas pu faire fructifier un éventuel patrimoine et ses proches ont sans doute dilapidé une partie des réserves pour la faire libérer, le 8 juillet 2008 (voir la vidéo).
Aucun obstacle moral n’empêchait donc Ingrid B., estimant que l’Etat colombien n’avait pas correctement assuré sa sécurité le 23 février 2002, jour de son enlèvement, de réclamer des sous en échange des “dommages économiques et moraux”. Même si les forces de l’ordre avaient préalablement mis en garde la candidate écolo à la présidentielle contre cette route peu sécurisée. Fin juin 2010 donc, la dame demandait à l’Etat colombien plus de six millions de dollars.
Entre parenthèses, il doit être assez compliqué pour un être humain d’évaluer combien il peut obtenir dans de telles circonstances. Imagine :
– Je demande combien Chéri, plutôt trois millions?
– Ah non, vu comme tu en as chié, demande dix millions. De toute façon tu auras forcément un peu moins.
– Dix, quand même… C’est le prix de la villa de Clavier en Corse!
– Tu fais comme tu veux, mais tu sais ce que j’en pense…
– Bon, allez, six, ça ira bien.
« Prix mondial de l’ingratitude »
Devant une telle somme, les Colombiens (dont le niveau de vie est loin d’être le plus élevé du monde) ont mal réagi. Le vice-président décerne à l’ex-otage le « prix mondial de l’ingratitude« . Le ministère de la Défense rappelle de façon fort mesquine que « des femmes et des hommes avaient risqué leur vie » pour libérer l’otage. Devant le tollé, Ingrid Betancourt renonce au pactole (voir la vidéo).
Le JDD apprend quelques jours plus tard qu’une demande du même type a été déposée en France, à travers le Fonds de garantie des victimes d’actes de terrorisme. Requête boostée par l’Elysée selon le journal.
La franco-colombienne refuse finalement l’offre de 450 000 euros, qu’elle considère comme insuffisante. D’aucuns auraient dit que c’est toujours ça de pris, mais on a la classe ou pas. Tout en remerciant la France « d’avoir reconnu généreusement son droit à une réparation« , elle décline donc.
Depuis sa libération, Ingrid Betancourt a déjà essuyé de violentes critiques. En février, trois ex-otages américains des FARC publiaient un livre où ils la qualifiaient « d’arrogante et égoïste ». En avril, c’était sa co-détenue Clara Rojas qui la jugeait « mesquine ».
Dix ans pour réclamer
Si un jour l’envie vous prend de demander réparation pour une prise d’otages passée (dans un délai de dix ans), sachez que le formulaire est téléchargeable sur le site du Fonds de garantie des victimes d’actes de terrorisme.
Vous pouvez effectuer une demande individuelle ou compter sur les Affaires étrangères. L’indemnisation est financée grâce à une cotisation globale sur les contrats d’assurance à responsabilité civile.
Méfiez-vous tout de même désormais, que votre demande ne vous fasse pas repérer comme un imprudent touriste. Vous mériterez sinon de raquer pour votre libération coûteuse et périlleuse.
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