Alors que les cheminots sont appelés à la grève et à manifester le 22 mars pour défendre leur statut, le Premier ministre estime que le gouvernement n’a rien à craindre des syndicats.
“Gonflés à bloc”. Voilà l’état des syndicats de la SNCF, et en particulier de la CGT, selon son secrétaire général Philippe Martinez, vis-à-vis de la réforme ferroviaire en cours. Celle-ci prévoit notamment la fin du statut de cheminot pour les nouvelles recrues et la transformation de l’entreprise en société nationale à capitaux publics. Mais, alors qu’une journée de mobilisation et de grève est prévue le 22 mars, en même temps que la fonction publique, et que la CFDT a annoncé qu’elle y participerait, le Premier ministre estime que la contestation ne fera pas long feu.
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“Les dirigeants de la CGT savent qu’ils ne pourront pas justifier de bloquer le pays”
Le Canard enchaîné du 7 mars rapporte qu’en privé, Edouard Philippe est confiant dans la faiblesse du mouvement. Tout est calculé : “ça vient du fait que les ordonnances ne porteront pas sur le statut. La grosse ficelle, c’est d’avoir dit que la fin du statut ne s’appliquerait qu’aux nouveaux embauchés. Les dirigeants de la CGT savent qu’ils ne pourront pas justifier de bloquer le pays, alors que le statut des cheminots actuellement en poste ne sera pas remis en cause”.
Autrement dit, en lisant le Canard, on a l’impression que le Premier ministre compte sur les égoïsmes individuels pour tuer la mobilisation dans l’œuf. La stratégie du gouvernement est même encore plus retorse : Elisabeth Borne, ministre des Transports, est chargée d’occuper les syndicats en les noyant dans de multiples micro-réformes techniques (modernisation sociale, ouverture à la concurrence, redéfinition des métiers…). De quoi les rendre inaudibles auprès des salariés, et leur donner la fièvre de la réunionite.
Le poison de la division
Mais qui sait. En dépit du battage médiatique de nombreux éditorialistes du PAF contre les cheminots, peut-être que ceux-ci ont entendu le message d’Olivier Besancenot dans On n’est pas couché samedi, contre « le poison de la division ». “Si en tant que travailleur, salarié, chômeur ou retraité, tu commences à penser qu’un autre travailleur, simplement parce qu’il a un acquis social que tu n’as pas, est un privilégié, alors n’oublie jamais qu’en retour, tu vas avoir le même discours qui va te concerner dans pas longtemps”, prévenait-il…
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