Serge en a fini avec le Festival du film de Berlin 2009. Juste avant de rentrer à Paris, il regrette tous les films qu’il n’a pas vu et dresse le bilan d’un festival dominé par le cinéma asiatique. Tchüss.
La Berlinale se termine pour moi et c’est donc l’heure des comptes – forcément subjectifs et parcellaires puisque j’ai loupé les 2 premiers jours et que je vais louper les 2 derniers. De plus, quand on est le seul représentant de son journal, on rate forcément beaucoup plus de films que ceux que l’on a vus. Le ratio est à peu près le suivant : une trentaine de films par jour dans les différents programmes, une moyenne de 3 visionnés. La Berlinale, c’est donc avant tout ceci : tous les films qu’on n’a pas vus.
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Tout le monde l’a déjà dit et écrit et je me joins au chœur unanime : la compète officielle était d’un très faible niveau, ce qui a l’air d’être une habitude ici. Entre les films « titres de journaux » qui envoient des « messages » consensuels sur l’actu (Storm de Hans Christian Schmid ou London river de Rachid Bouchareb) et les véhicules pour stars de seconde catégorie (The international, Cheri ou l’effarant Pippa Lee, il paraît aussi que Rage de Sally Potter est pas mal aussi dans le genre nul prétentiard), on cherchait désespérément le cinéma. De ce que j’ai pu voir, le meilleur film de cette compète était le Tavernier, In the electric mist, qui est pas mal sans être non plus un chef d’œuvre. Roll over Dieter Kosslick, tell Thierry Frémaux the news !
Pour dénicher de la bonne pitance filmique, il fallait fureter au Panorama ou au Forum. Je ne suis pas sûr d’avoir saisi la différence entre ces deux sections – le Panorama est peut-être plus auteurs confirmés (Breillat, Van Sant, Delpy…), alors que le Forum présente plus de premiers films ou d’auteurs inconnus en dehors de leur pays. En même temps, il y avait aussi des inconnus au Panorama et des Raphael Nadjari ou Simone Bitton au Forum. Grosso modo, les Asiatiques ont dominé, notamment ceux du matin calme et ceux du soleil levant. (Curieusement, j’ai loupé les Chinois venus aussi en nombre). Ce sont eux qui ont offert le plus de plans dignes de ce nom, de récits inventifs, de personnages forts. Je leur adjoindrais le Basque Roberto Caston dont le magnifique Ander est moins séduisant en surface, plus âprement classique, mais d’une force tranquille qui ne se dément pas de la première à la 128ème minute.
Le logo-trailer de la Berlinale est tout rouge, lardé de tous ses sponsors, représente une boule qui explose en feu d’artifice sur une musique un peu grossière, mi-funky mi-hard rock. Ce qui change du bleu cannois, classieux, de ses marches stylisées dépouillées, avec sa petite cascade de Saint Saens. C’est le tout petit bout de la lorgnette mais une façon comme une autre de comparer les deux festivals.
Les lieux sont aussi moches que le bunker de la Croisette, palais des congrès et multiplexes noyés dans un complexe ultra-moderne et ultra-froid. Mais les files d’attentes sont plutôt mieux canalisées et ne donnent pas lieu aux foires d’empoigne qui font l’ordinaire de Cannes.
Ce qui est frappant aussi, c’est la légèreté des contrôles. A Cannes, on passe par plusieurs barrages, avec fouilles des sacs et contrôles électroniques codes-barres des badges ; ici, rien, on entre comme on veut partout et le badge n’est contrôlé (sans pistolet laser) que devant la salle de projo. Pourtant, Al Qaeda avait menacé l’Allemagne quelques jours avant. De deux choses l’une : soit le flicage de la Berlinale est hyper discret (genre, j’ai été suivi par des caméras rayons X tout mon séjour sans m’en rendre compte), soit il est vraiment allégé. Résultat, l’ambiance est très cool, on circule entre les projos le cœur léger, et comme le rappelait Obama, le principe de sécurité n’entrave pas le principe de liberté. Une leçon à retenir, à Cannes et dans toute la France.
La Berlinale est aussi plus ouverte au public que Cannes. Cette année, 270 000 tickets ont été vendus, ce qui constitue paraît-il un record. La Berlinale se plie donc aux lois majoritaires du box-office : plus les films sont médiocres, plus ils font des entrées.
Il y avait quelques fêtes ici et là, mais est-ce l’ambiance crise ou la glaciale nuit berlinoise, j’ai pas eu envie. J’ai préféré quelques dîners entre amis, pas trop loin de l’hôtel. Comble du délice légèrement maso : hier soir, j’étais seul dans une brasserie avec ma saucisse, mon chou, mes patates, ma bière. Et tel Droopy en goguette chez les Teutons, j’avais envie de dire : you know what ? I’m happy.
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