Envoyé spécial au Festival du film de Berlin, Serge a beaucoup aimé Deep in the valley du japonais Funahashi Atsushi, et nous jure que ce n’est pas l’adresse d’un resto branché. Puis, pour se remettre, il a bu quelques bières et débattu avec des collègues critiques.
Ce lundi, ein klein kino dag. Alors qu’une fine couche de poudreuse recouvrait Berlin, la journée a débuté en japonais au Forum avec le beau Deep in the valley d’un certain Funahashi Atsushi (non, ce n’est pas une nouvelle adresse de resto branché). Shooté dans un magnifique noir et blanc (on n’y est plus très habitué) légèrement sous-exposé, Deep in the valley dresse le portrait d’un quartier de Tokyo : une vallée entre deux collines où se concentrent un certains nombre de temples, cimetierres et pagodes boudhistes. Certains ont été détruits, d’autres sont là inchangés depuis des siècles, au milieu des voitures et HLM. A mi-chemin de la fiction, du documentaire, de l’essai et de la rumination poétique, Deep in the valley présente un certains nombres d’habitants du quartiers, jeunes et vieux, moines et petits arnaqueurs, femme de ménage aveugle d’un des temples ou association de cinéphiles qui recherche des traces du quartier en super 8. Réflexion sur le temps qui passe, sur les mutations du monde et sur ce qui reste éternel, Deep in the valley est surtout ce qu’on a vu de plus beau sur le strict plan du filmage depuis le début de cette Berlinale. Atsushi possède assurément le sens du cadre et de la respiration d’un plan. Son film n’est pas toujours abouti, comporte une ou deux petites longueurs, quelques enchaînements bizarres, mais Atsushi est assurément un cinéaste.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
On n’en dira pas autant de Rebecca Miller. Pourtant, The Private lifes of Pippa Lee promettait rien que sur son casting : Robin Wright Penn, Keanu Reeves, Maria Bello (souvenez-vous, l’épouse et partenaire sexuelle de Viggo dans A History of violence, rrrrrr…), Julianne Moore, Wynona Rider, Monica Bellucci ( ?!) et ce bon vieux et feu Alan Arkin (quand même l’auteur de Rock’n’roll High school avec les Ramones). On ne sait ce qu’ils sont tous allés foutre dans cet accident industriel produit par Brad Pitt… Contant le bovarysme d’une grande bourgeoise américaine qui flippe en approchant la cinquantaine et se remémore sa rock’n’rollienne jeunesse, Pippa Lee est une comédie pas drôle. En dehors de deux ou trois punch lines qui font presque mouche (on est gentil), le reste se traine pendant 93 minutes de montage mou, de scènes embarrassantes, de Woody Allen dévitalisé. Ce qu’on fait faire à la Bellucci est tellement grotesque que ça en devient involontairement pliant. On est plus embêté pour Wynona qui méritait un plus beau retour (cela dit, la scène où elle tente de se suicider est le moment volontairement drôle du film). La salle semblait dormir profondément, ou est-ce mon voisin qui ronflait bruyamment qui m’a donné cette idée ? Quand je pense qu’on a sévèrement tâclé Cannes il y a deux ans, mais la sélection 2006 de Frémaux était un éblouissement comparé à ce que j’ai vu ici jusqu’à présent en compète principale. En tous cas, je n’ai pas souvenir d’avoir vu sur la Croisette film aussi médiocre et inutile que ce… comment ça s’appelle déjà ?
Sinon, j’ai séché la teuf MK2 : trop loin (ici, ça caille), trop tard (j’ai un blog à tenir et des projos tôt le matin), trop boite de nuit DJ (je préfère les fêtes où on peut bouffer un peu et discuter avec les gens). Et puis je craignais aussi qu’on me propose une mission culturelle pour Nico 1er (non, j’déconne, je ne risque rien de ce côté là). Berlin n’est pas Cannes, l’ambiance y est moins festive, moins estivale évidemment, moins balnéaire si vous voulez. Les envies post-projos, ici, ce serait plutôt chocolat chaud, sacher torte, poitrine de porc, wurtz et bière. Avant-hier, j’ai dîné avec ce bon vieux Loutte, qui n’écrit plus aux Inrocks mais bosse toujours pour Arte et pour le festival de Belfort. Nous avons plus parlé des films sortis à Paris que de ceux d’ici et évoqué les amis communs, dont Noodles, fidèle de ce blog.
Hier soir, rebelote avec mon confrère et ami Jacques Mandelbaum qui crachait des flammes sur Le Liseur. Je me souviens avoir aimé le bouquin de Bernard Schlink, mais il semblerait que le film soit signé Bernard Schlingue : non seulement il serait bien sirupeux, mais, toujours selon JM, il ferait pleurer le public sur les ex-bourreaux nazis qui seraient en fait des victimes, poursuivies tout le reste de leur vie par la culpabilité, ah oui, dur, alors que les descendants des victimes juives s’en sont bien tirées en possédant de beaux loft à New York, ah oui, cool. Peut-être que Jacques exagère, mais il me citait des scènes et je sens quand même qu’il a peut-être raison.
Si je n’ai vu que deux films aujourd’hui, c’est parce que je me suis un peu échappé en ville. A priori, je prévois quelques notes berlinoises sur les à-côtés de la Berlinale qui seront en ligne en fin de séjour.
{"type":"Banniere-Basse"}