Avec Hyrule Warriors : L’Ere du fléau, la série de jeux d’aventure de Nintendo s’offre un entêtant spin-off à la fois bagarreur et scintillant en attendant la véritable suite de Breath of the Wild, qui arrivera au mieux en 2021. Et aussi : un trio de jeux musicaux avec l’épatant Fuser qui nous change en DJ créateur, l’entraînant Kingdom Hearts : Melody of Memory et, avec Let’s Sing 2021, une preuve que le jeu vidéo de karaoké n’a pas chanté son dernier mot.
Attention : le nouveau Zelda ne sera pas là pour Noël. Pas le vrai, en tout cas, pas la suite tant attendue du faramineux épisode Breath of the Wild qui arrivera au plus tôt l’an prochain. Destiné à occuper le terrain sur la Switch en cette fin d’année vidéoludique qui voit les concurrents de Nintendo lancer de nouvelles consoles, Hyrule Warriors : L’Ere du fléau est à la fois un jeu qui s’inscrit dans le prolongement de Breath of the Wild dont il partage l’univers autant que l’esthétique et tout à fait autre chose. Un prequel dont l’intrigue prend place un siècle plus tôt et un spin-off nous entraînant sur des sentiers ludiques bien différents. Oubliez les longues balades dans des paysages enchanteurs : en 2020, Zelda, c’est d’abord la bagarre.
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Comme le premier Hyrule Warriors paru successivement sur Wii U, 3DS et Switch entre 2014 et 2018, L’Ere du fléau est ce qu’on appelle couramment un « musou » (ou « muso »), d’après Shin Sangoku Musou, le nom japonais de la série Dynasty Warriors d’où proviennent les bases de ce qui est devenu avec le temps un genre à part entière. Le principe : face à nous se succèdent des hordes d’adversaires dont il faut triompher avant de passer à la zone suivante d’un champ de bataille en constante évolution.
Des ennemis qui se ressemblent souvent mais se comptent en centaines dans ces jeux qui, s’ils osent quelques variations (combats de boss, séquences proposant ponctuellement un gameplay différent), misent d’abord sur le retour du même. Les commandes sont simples et les créatures qui se dressent face à nous généralement pas très malines. Alors on martèle la touche Y de la manette. Y, Y, Y, Y. Et puis X, un coup fort pour finir le combo. Déjà « 300 K.O. ». Quel beau feu d’artifice.
Hypnotique
Bien sûr, il y a aussi des coups spéciaux, de la magie, des bombes à lancer et des attaques spécifiques au personnage que l’on contrôle, qu’il s’agisse de Link (le seul à ne pas parler au milieu d’une troupe plutôt bavarde : ça fait toujours bizarre), de la princesse Zelda, d’un Goron, d’un Piaf, d’un Zora ou d’une Gerudo, autant de représentants des peuples récurrents de la saga. Evidemment, aussi, on ne combat pas un puissant Moblin ou un rusé Sorcier comme un bataillon de simples soldats Bokoblins ou Lézalfos. Il n’empêche : le plaisir, ici, réside majoritairement moins dans la résolution de problème (comment vaincre cet adversaire qui se dresse sur notre passage ?) que dans la répétition quasi hypnotique des mêmes gestes et des mêmes effets visuels comme sonores. Regretter qu’un musou offre une expérience de jeu répétitive, c’est un peu comme reprocher à un kouign-amann d’être très riche en beurre. C’est comme ça : c’est l’idée.
A première vue loin des épisodes principaux de la saga Zelda avec son approche frontale, pour ne pas dire brutale, et sa manière de guider le joueur d’un chapitre à l’autre de l’histoire sans lui laisser le luxe de se perdre en chemin, L’Ere du fléau les rejoint pourtant sur un autre plan qui a justement à voir avec cette nature répétitive de l’action : son rapport aux signes, aux lieux, aux objets ou aux types de personnages que l’on retrouve d’un Zelda à un autre. C’est le son que fait un coffre quand on l’ouvre, le nom d’un village (Cocorico !) ou d’une forêt… Il ne s’agit pas uniquement de fétichisme mais, plus subtilement, de reprises d’éléments connus dans un cadre ou un contexte autre. De jeu avec la familiarité, avec l’attachement. Bienvenue chez vous. Vous avez vu ? C’est toujours pareil et quand même différent.
Collectif
Côté récit, L’Ere du fléau retrace donc les événements qui ont eu lieu avant Breath of the Wild. Mais c’est d’abord ludiquement qu’il comble les trous, notamment en termes de point de vue. Jouer à ce nouveau Hyrule Warriors, c’est essayer des places que les autres Zelda ne nous confiaient pas. Celles des autres personnages que Link, pour commencer, dans ce jeu qui change le héros solitaire habituel en membre parmi d’autres d’une équipe. Même en solo – car il peut aussi se pratiquer à deux –, L’Ere du fléau introduit du collectif dans l’aventure, un effet bande qui évoque davantage les jeux de rôle japonais classiques qu’Ocarina of Time, Twilight Princess ou A Link to the Past. Ce n’est pas tout car, s’il nous plonge dans la mêlée d’une manière plus insistante et triviale que les Zelda traditionnels, ce spin-off nous en détache aussi régulièrement pour nous placer en surplomb, dans une position rappelant celle des god games ou des jeux de gestion.
La carte du monde n’est en effet pas seulement l’endroit où l’on choisit sa prochaine destination mais, aussi, un espace direct d’intervention. A nous de répondre aux demandes qui s’y affichent en différents points pour y apporter tel ou tel élément, matière première ou aliment, récolté sur le champ de bataille. Alors, des personnages seront satisfaits, des boutiques ouvriront, des villages reprendront vie… Sans parler du fait que remplir telle ou telle mission fera éventuellement gagner de nouvelles capacités à l’un ou l’autre de nos héros, ce qui se révèle bizarrement un plaisir en soi, indépendamment de ce que cela lui permettra de réaliser ensuite.
Ainsi se joue cet entêtant Hyrule Warriors : L’Ere du fléau, dans un temps qui est alternativement celui du geste fiévreux et celui de la planification calme et distante là où, en temps normal, Zelda nous fait plutôt évoluer quelque part entre les deux. C’est un jeu de collectionneur autant que de bagarreur. De collectionneur de mots, de choses, d’impressions de La Légende de Zelda à travers ce qui pourrait bien être son épisode le plus beau, Breath of Wild. Y jouer, ce n’est plus devenir son héros : c’est s’identifier à l’univers même du jeu dans toutes ses dimensions. Je ne suis plus Link ou qui que ce soit d’autre en particulier. Je suis une légende (de Zelda).
Hyrule Warriors : L’Ere du fléau (Omega Force / Koei Tecmo / Nintendo), sur Switch, environ 60€
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Et aussi
Fuser
Maîtres du jeu musical, les Américains d’Harmonix (Rock Band, Amplitude, Dance Central…) livrent avec Fuser l’une de leurs créations les plus enthousiasmantes. Car si l’on se retrouve ici dans la peau d’un DJ, notre rôle ne se limite pas à répondre aux demandes du jeu et de notre public virtuel mais intègre une part importante de création et d’improvisation. A la manette, on jongle entre les disques à poser sur nos quatre platines qui, chacune, joue une piste du morceau choisi. On ajoute des effets, on retire un disque, on change la mélodie, on double les basses… Les possibilités sont immenses, même sans repasser à la caisse pour compléter notre collection de morceaux déjà bien fournie et variée. Fuser a par ailleurs l’élégance de ne jamais produire de résultats absolument cacophoniques et, donc, de nous donner l’impression d’être à peu près bon. Y compris quand on tente de mélanger Salt-N-Pepa, Rage Against the Machine, The Weeknd et a-ha.
Sur PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series X/S, Switch et Windows, Harmonix / NCSoft, environ 70€
Kingdom Hearts : Melody of Memory
Surprise : avec son spin-off musical Melody of Memory, la glorieusement aberrante série Kingdom Hearts (qui, pour aller vite, marie Disney et Final Fantasy) tient probablement son épisode le plus raisonnable et cohérent. Sur pas moins de 140 morceaux issus des jeux et des films dont ils se sont nourris (La Petite Sirène, La Reine des neiges…), notre tâche sera d’appuyer dans le bon tempo sur les touches de la manette pour faire réagir Donald, Dingo et Sora, le héros de la saga, aux dangers qui se présentent devant eux. Entrecoupé de scènes retraçant l’intrigue des jeux précédents, cet entraînant Kingdom Hearts au système d’interactions bien pensé tient du joyeux défilé mémoriel autant que de la célébration conjointe des pouvoirs du rythme et de la fiction. Et tant pis si les musiques de Kingdom Hearts n’égalent pas celles de Final Fantasy qui, dans le même esprit, avait eu droit jadis au superbe diptyque Theatrhythm Final Fantasy.
Sur PS4, PS5, Switch, Xbox One et Xbox Series X/S, Square Enix, environ 60€
« Let’s Sing 2021 »
Seul en piste depuis la désertion de l’historique Singstar dont les serveurs ont fermé en janvier dernier, Let’s Sing perpétue avec le sérieux qu’elle mérite la noble tradition du jeu vidéo de karaoké. Au programme de cette édition 2021 : un nouveau mode « Legend » proposant une suite de défis aux chanteurs solitaires (car, non, il n’y a pas de honte à faire un karaoké tout seul) et une sélection de 40 chansons (de Clara Luciani, Orelsan, Billie Eilish, Ava Max…) Des packs de chansons supplémentaires sont également vendus séparément (mais se révèlent identiques à ceux de l’an dernier). A noter, chez le même éditeur, la parution, il y a quelques semaines, chez le même éditeur et sur les mêmes plateformes, d’une édition spéciale de Let’s Sing entièrement dédiée au groupe Queen.
Sur PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series X/S et Switch, Voxler / Ravenscourt / Koch Media, environ 40€ (jeu seul) ou 60€ (avec deux micros)
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