Dans un rapport publié ce jeudi 18 juin, l’ONG de défense des droits humains dénonce le fait que “la police française fait usage de ses larges pouvoirs de contrôle et de fouille à l’encontre de jeunes Noirs et Arabes même en l’absence de signe ou de preuve d’infraction à la loi”.
“La première fois que je me suis fait contrôler, j’avais dix ans. La dernière fois, c’était il y a trois jours”, confiait en avril dernier Valoua, 23 ans, et dont le témoignage apparaît dans le rapport sur les contrôles abusifs de la police en France publié ce jeudi 18 juin par Human Rights Watch (HRW). Marius, 14 ans, affirme de son côté avoir été contrôlé par la police “une bonne trentaine de fois” depuis son premier contrôle, un an plus tôt. “Je ne compte même plus, parce qu’au final ça ne sert à rien. Au final, c’est [la police] qui a le dernier mot”, déplore l’adolescent. “J’ai entendu un des policiers dire dans son talkie-walkie : ‘On a six négrillons.’ Un autre jour, un policier m’a dit : ‘Arrête-toi, petit négro.’”, renchérit Gadi, 15 ans. Ces témoignages qui mettent en lumière les contrôles au faciès effectués par la police n’en sont qu’une poignée sur la multitude récoltée par l’ONG de défense des droits humains pour cette étude nommée “‘Ils nous parlent comme à des chiens’: contrôles de police abusifs en France”.
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"Ils nous parlent comme à des chiens" : HRW documente des contrôles policiers sans fondements, ciblant jeunes Noirs et Arabes – y compris des enfants de 10 ans – avec souvent palpations corporelles intrusives et humiliantes & parfois injures racisteshttps://t.co/0VYvZR78jH pic.twitter.com/awlCzSgHKW
— HRW en français (@hrw_fr) June 18, 2020
Dans ce document de 48 pages, Human Rights Watch estime “que la police se sert des contrôles d’identité comme moyen brutal d’exercer son autorité” et que “des enfants subissent des contrôles de police abusifs et racistes”. Et d’ajouter : “La police française fait usage de ses larges pouvoirs de contrôle et de fouille à l’encontre de jeunes Noirs et Arabes même en l’absence de signe ou de preuve d’infraction à la loi.” La publication de ce rapport intervient d’ailleurs dans un contexte de mobilisations contre les violences policières et le racisme.
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Le contrôle d’identité “est devenu la base de la pratique policière”
Au total, Human Rights Watch a interviewé 91 personnes qui ont raconté leur expérience lors de contrôles d’identité réalisés par la police. Ces dernières vivent à Paris, en banlieue parisienne, à Lille, à Strasbourg mais aussi à Grenoble. Parmi elles, 48 sont des enfants et adolescents et 43 des adultes, généralement jeunes.
En plus de s’adresser aux principaux concernés, Human Rights Watch a également sollicité les syndicats policiers. D’après l’ONG, l’UNSA Police et Alliance Police Nationale n’ont pas souhaité échanger à ce propos. Elle a tout de même réussi à s’entretenir avec deux représentants du syndicat SUD Intérieur, dont Gaétan Alibert pour qui le contrôle d’identité “est devenu la base de la pratique policière”. Le rapport dénonce en outre le fait qu’“en pratique, la police semble se servir de ses pouvoirs de contrôle et de fouille dans les quartiers défavorisés comme mode d’interaction par défaut avec les jeunes, surtout les jeunes Noirs et Arabes”.
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