Les séries multiplient les scènes de sexe graphiques. Face à la réticence des acteurs mainstream, les réalisateurs font appel à Howard Levine pour dégotter la crème des pornstars.
J’ai besoin d’une fille noire, d’un mec noir qui couche avec un Blanc, et d’un pasteur noir en train de filmer le tout en porte-jarretelles.” Howard Levine a l’habitude des coups de fil tordus venus du tout-Hollywood. C’est même devenu sa spécialité.
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Besoin de vingt filles nues pour une scène de bordel ? On appelle Howard. D’un gang de violeurs en action ? Howard encore. “C’est parce que j’ai les bonnes connexions”, s’amuse-t-il.
Se faciliter la vie
Le sexagénaire est devenu le porn consultant le plus prisé d’Hollywood, qui ne rechigne plus à caster des stars du X dans des productions mainstream. Il n’y a qu’à voir : Samantha Bentley dans Game of Thrones, Tori Black dans Ray Donovan, Belladonna dans Inherent Vice, James Deen dans The Canyons, Jenna Jameson et la moitié de la San Fernando Valley dans Sons of Anarchy…
Avoir une pornstar dans son casting permet de crédibiliser la série ou le film auprès d’un public en quête d’histoires sulfureuses et de se faciliter la vie sur le plateau.
Il suffit d’avoir de l’allure
“Pour les scènes de sexe, certains réalisateurs préfèrent s’appuyer sur des acteurs X, explique Levine. C’est plus facile car ils n’ont pas d’inhibition face à la caméra et ça ajoute un côté réaliste.”
Et les rôles qui requièrent une totale nudité sont plus esthétiques que techniques : pas besoin d’avoir le jeu de Leonardo DiCaprio pour meubler l’arrière-plan, il suffit d’avoir de l’allure. C’est d’ailleurs à sa dégaine de biker que Levine doit sa reconversion.
“Chatte vibrante”
C’est qu’Howard revient de loin. Coiffeur le jour, humoriste la nuit, il monte une boîte de parfums pour les culottes des filles, odeur “chatte vibrante”. Le sexe rapporte plus que les coupes de cheveux.
Il se met bientôt à vendre les strings utilisés des actrices pornos, puis à distribuer des vidéos X. Dans le San Francisco des années 1980, Levine est pionnier.
Motards sobres
En 1989, il devient directeur commercial du studio Vivid Entertainment, où il vendra les sextapes de Pamela Anderson et de Kim Kardashian. Il y reste jusqu’en 2011 avant de monter Exile Distribution.
Le type est dans le métier depuis trente ans, mais c’est à travers son club de motards sobres, les Messengers of Recovery, qu’il accède au mainstream.
“Toi qui bosses dans l’industrie X…”
Avec ses bijoux à têtes de mort, ses chaînes et ses tatouages, Howard a à l’époque l’attirail parfait pour jouer dans la nouvelle série Sons of Anarchy, qui met en scène un club de bikers qui trempe dans le vice.
Un copain le recommande auprès de la production, il est enrôlé comme figurant. A la fin de la saison 1, le showrunner Kurt Sutter peine à caster des filles pour jouer les groupies Crow Eaters. Il se tourne alors vers Levine : “Toi qui bosses dans l’industrie X, tu pourrais pas trouver ça ?”
“Le coffre rempli de DVD de cul”
Le figurant devient porn consultant. Lorsque les Sons of Anarchy montent leur studio porno dans la saison 7, c’est Levine qui est en charge de trouver le décor en plus des talents.
“Howard est génial mais pas vraiment représentatif de notre processus de casting habituel, rigole Kurt Sutter dans les pages de LA Weekly. C’est un porntractor qui travaille dans sa camionnette, le coffre rempli de DVD de cul, et qui me dégotte ce que je ne peux pas trouver ailleurs.”
“500 dollars sur une journée”
Si les showrunners multiplient les scènes de sexe (au point que la critique du New Yorker, Emily Nussbaum, ne parle plus d’âge d’or des séries mais de nouveau “pays des merveilles obscènes”), pas question d’institutionnaliser son rôle.
“Il n’y a pas d’argent à se faire en mettant des acteurs pornos dans des productions mainstream, estime Levine. Une pornstar se fait 500 dollars sur une journée de tournage mainstream contre 1 000 dollars pour deux heures sur un set porno.”
“Pas envie que leurs collègues les reconnaissent”
La pornstar britannique Masie Dee, qui a casté certains figurants de Game of Thrones, pointe un autre problème. “Plusieurs acteurs ont décliné ma proposition de tourner pour la série. En fait, avec la surenchère de contenus pornos aujourd’hui, tourner dans des films de cul est devenu un deuxième job – et les gens n’ont pas toujours envie que leurs collègues les reconnaissent dans le bordel de Littlefinger.”
Quant à un changement de carrière vers les films à oscars, c’est impossible : le stigmate contre les acteurs X a la vie dure. “C’est plus facile de devenir astronaute”, pouffe Levine. Pour lui, c’est sûr, Hollywood n’est pas près d’avaler le porno.
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