Malgré des faiblesses d’écriture, la troisième livraison de l’anthologie horrifique “The Dark Pictures” surprend par son approche du genre et son point de vue sur l’intervention américaine.
C’est un projet pas banal que celui de The Dark Pictures Anthology: House of Ashes : concevoir non pas un jeu, éventuellement découpé en épisodes, ou une série, mais une anthologie d’aventures sans lien entre elles, si ce n’est la présence du même narrateur. Une Twilight Zone du jeu vidéo, disons, qui devrait au final compter huit titres développés par les Britanniques de Supermassive Games et publiés par Bandai Namco.
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Pour l’heure, alors que le troisième volet de la collection, House of Ashes, vient d’arriver, le studio tient le rythme assez impressionnant d’un jeu par an. Il s’appuie sur un savoir-faire au point depuis Until Dawn qui l’a révélé en 2015, et dont l’anthologie est l’héritière directe.
“Les armes de Saddam”
À la manière de Man of Medan (2019) et Little Hope (2020) qui l’ont précédé, House of Ashes se présente comme une fiction interactive dans laquelle les choix priment sur les réflexes, lesquels ne sont mobilisés qu’à certains moments-clés, généralement selon le principe du quick time event (il faut appuyer sur une touche donnée dans un temps limité). Le jeu s’inscrit aussi dans le registre de l’horreur, mais se distingue en nous entraînant sur un territoire plus couramment associé aux jeux d’action, notamment aux FPS, qu’à l’épouvante. Son cadre : l’Irak de 2003, où l’armée américaine continue de chercher les supposées “armes de destruction massive de Saddam” qui ont servi de prétexte à l’entrée en guerre. C’est d’ailleurs la mission qui nous est confiée lorsqu’un nouvel officier vient prendre le commandement du groupe, dans lequel figure notamment sa femme. Mais tous se retrouveront bientôt coincés sous terre, soumis à une menace bien plus terrible qu’une banale armée humaine.
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Chauves-souris géantes
En matière d’horreur ou de fiction interactive (ou les deux réunies, cf. The Walking Dead), on a connu plus fort, plus émouvant et plus inquiétant qu’House of Ashes. Mieux écrit, aussi. “Je croyais que t’étais mort”, dit le premier soldat. “C’était pas mon heure”, répond le second d’un air pénétré. Ou bien : “Ça t’apprendra à faire chier un marine !”
Parfois, devant les séquences non interactives, on attend juste que ça passe en se disant que, si ce n’était pas un jeu mais un film ou une série, jamais on ne regarderait. Mais House of Ashes est un jeu, qui, en prenant en compte un autre point de vue que celui de l’Occident triomphant, surprend et impressionne malgré ses faiblesses.
En plus de quelques temps forts – quand même –, avec des créatures monstrueuses aux allures de chauves-souris géantes, d’abord à peine montrées puis outrageusement exposées, et un glissement plutôt habile de la guerre à l’épouvante pour frôler finalement la science-fiction, House of Ashes fera surtout date pour avoir osé nous faire diriger un soldat irakien (qui aime ses enfants, comme les Russes jadis) et en avoir fait un personnage plus digne et courageux que la plupart de ses homologues américains, dont la présence en Irak apparaît comme absurde. Ce n’est déjà pas rien.
The Dark Pictures Anthology: House of Ashes (Supermassive Games/Bandai Namco), sur PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series X/S et Windows, environ 30 €.
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