Au festival de Sundance, cette enquête sur les coulisses du porno qui montre des adolescentes à peine majeures prêtes à se lancer dans le X a suscité une intense polémique.
Dans l’ambiance lounge de Sundance, Hot Girls Wanted (“Recherche filles chaudes”) a jeté un pavé dans la mare. Diffusé entre deux films indé, le documentaire choc a heurté la sensibilité de plus d’un festivalier bien installé dans son fauteuil. En cause : la crudité assumée du propos, qui n’hésite pas à épingler les pratiques impitoyables d’une certaine industrie du sexe, trop préoccupée par les rentrées d’argent pour s’embarrasser de finasseries éthiques.
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Un sujet provocateur qui, à en croire les réalisatrices, n’aurait rien d’intentionnel. Au départ, Jill Bauer et Ronna Gradus, ex-journalistes au Miami Herald, travaillaient sur la consommation de porno dans les campus américains. Quand elles s’aperçoivent que des adolescentes à peine majeures sont prêtes à vendre père et mère pour se lancer dans le X le plus hardcore, leur enquête prend un tour radicalement différent :
« On se disait que ce n’était pas possible, que, si c’était vrai, il y aurait déjà eu des articles là-dessus. On ne pouvait pas y croire », s’afflige Ronna Gradus, qui ajoute avoir été incapable de ne pas détourner les yeux devant le caractère insoutenable de certaines scènes.
« C’est la loi de la jungle », résume Jill Bauer, espérant bien qu’une fois évanouie l’écume de la polémique, le film contribue à faire bouger les lignes.
« Scènes de viol simulé et fellations violentes »
Le profil des victimes est invariablement le même. Toutes sont de jeunes proies faciles, cueillies à la sortie du lycée et animées d’un besoin irrépressible de reconnaissance. Pour elles, c’est la désillusion qui guette. Car ce business juteux n’est pas en manque de candidates. Il fleurit aux dépens de cette chair à canon jetable, exploitée à vil prix et périmée au bout de six mois. Dans un marché où les actrices lassent rapidement, les candidates, abusées par les sirènes de l’argent ou de la notoriété, ne font jamais long feu.
Tressa Silguero, 18 ans, a été l’une de ces filles. En quatre mois, elle est parvenue à accumuler la coquette somme de 25 000 dollars (22 000 euros). Mais l’illusion d’optique se dissipe rapidement et le pécule fond comme neige au soleil, entre les achats de lingerie, les dépenses en maquillage, ou les tests de dépistage auxquels on la soumet deux fois par semaine. Quand elle claque la porte du porno, elle n’a plus que 2 000 dollars (1 800 euros) sur son compte en banque.
Comme elle recrutées sur Craigslist, un site de petites annonces fameux outre-Atlantique, les apprenties actrices finissent par passer leurs journées à sillonner le web, en quête du prochain casting. Souvent en pure perte. “Les adolescentes les plus recherchées sont celles qui acceptent les scènes de viol simulé et de fellation violente”, expliquent les journalistes. À de telles extrémités, les moins farouches d’entre elles consentent sans sourciller, dans l’espoir de se faire une petite place dans le milieu. Un miroir aux alouettes contre lequel la législation US n’offre actuellement aucune protection solide.
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