A Tulle, pour la cérémonie commémorative du massacre du 9 juin 1944, le chef de l’Etat a été rattrapé par la situation en Afghanistan, où quatre soldats français ont été tués, cinq ont été blessés, dont trois grièvement.
Le ciel était bleu sur Tulle samedi matin. Il s’est couvert en milieu de journée. Au moment où le cortège du président de la République faisait son entrée dans l’ancien fief électoral de François Hollande. Le chef de l’Etat est venu participer à la cérémonie organisée en l’honneur de 99 habitants de la ville corrézienne, pendus le 9 juin 1944 par les Waffen SS de la Division Das Reich. Aux balcons de la ville, où les otages avaient été suppliciés, on a tendu des tresses de fleurs.
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En fin de matinée, les habitants l’attendent sur le marché, au pied de la cathédrale. Ils sont habitués à ses visites. Des policiers en civil, pas trop discrets, montent la garde. Mais François Hollande ne vient pas. Parti à sept heures de Paris pour Tulle, il a appris à neuf heures sur la route – par un appel de son chef d’état-major – la mort de quatre soldats français, victimes d’un attentat-suicide en Afghanistan. Un interprète afghan a aussi été tué. Cinq militaires français ont été blessés, dont trois grièvement. A son arrivée en Corrèze, le président modifie son programme pour des entretiens téléphoniques sur la situation dans la province de Kapisa. Il décide d’envoyer le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, en Afghanistan. Puis il prend le temps de passer voir le comité des victimes et des parents des victimes du massacre de juin 1944 et de déjeuner avec ses anciens collaborateurs dans un restaurant, en ville.
A 15h30, François Hollande arrive à la préfecture de Tulle. Pour une déclaration solennelle à la presse. « Je tiens à exprimer ma reconnaissance et celle de toute la Nation à nos soldats, je salue leur dévouement et leur courage je sais la force de caractère des troupes françaises en Afghanistan. J’adresse aux familles le message de solidarité et de réconfort du peuple français, un hommage national sera rendu aux victimes et les blessés seront rapatriés dans les meilleurs délais. Un avion est déjà parti et il veillera à les ramener en France le plus tôt possible ».
« Face à cette épreuve, qui hélas n’est pas nouvelle, les Français resteront rassemblés, c’est ainsi que sera honorée la mémoire des 87 compatriotes tombés depuis 2001. Ces hommes sont morts en accomplissant leur devoir », insiste-t-il.
Il précise que l’opération de retrait des troupes françaises combattantes en Afghanistan, soit 3400 hommes, « débutera au mois de juillet ». « Elle sera mise en œuvre et achevée d’ici la fin de l’année. D’ici là, tout doit être fait pour que nos troupes remplissent leurs obligations avec le niveau de sécurité le plus élevé et la plus grande vigilance pour la vie de nos soldats ».
A 17h10, le chef de l’Etat arrive devant le monument aux morts de juin 1944. Les familles des victimes, les habitants de la ville sont là, comme chaque année, pour un défilé silencieux jusqu’au « champ des martyrs », où les corps des otages assassinés avaient été jetés dans une fosse commune par les SS. François Hollande fait ce pèlerinage depuis 1988. Mais cette année, il est président de la République et le cortège est vite désordonné, presque joyeux par moments. Jusqu’au monument, dressé à deux kilomètres du centre-ville. Les porte-drapeaux attendent, les enfants des écoles aussi. Ils vont chanter le Chant des Partisans et lire à voix haute les noms des 99 victimes et des déportés qui ne sont pas revenus.
La cérémonie s’achève sous un ciel qui hésite entre soleil et pluie. François Hollande confie son attachement à ce pèlerinage, qu’il effectue depuis son élection comme député de Corrèze en 1988. « Chaque année, autant qu’il sera possible, je serai là le 9 juin », dit-il, saluant le travail nécessaire « de deuil et de mémoire ». « Les habitants de Tulle ne comprendraient pas que je ne sois pas là pour ce rassemblement de la tristesse, de la solidarité avec une ville martyre ».
A nouveau, le présent vient bousculer le passé. On lui demande des nouvelles de la situation en Afghanistan. François Hollande s’était rendu le 25 mai sur la base de Nijrab, d’où est partie la patrouille visée par l’attaque. Il confie qu’en apprenant l’attentat il a « immédiatement revu les visages » des soldats croisés lors de sa brève visite. Pour lui, l’attaque de la patrouille française « a été improvisée » et « n’a rien d’un acte réfléchi ».
Se sent-il conforté dans sa décision de retirer les troupes combattantes d’Afghanistan avant la fin 2012 ? « Ce qui s’est passé ne change rien. Je n’accélère ni ne ralentis. Il n’est pas possible d’aller plus vite, ou alors en exposant nos soldats, et il n’est pas possible d’aller moins vite ». 200 à 300 hommes quitteront l’Afghanistan dès juillet mais « les retours massifs auront lieu à partir du mois d’octobre », pour la sécurité des troupes.
La cérémonie en l’honneur des quatre soldats tués aura lieu la semaine prochaine, sans doute aux Invalides.
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