Dans l’impressionnant musée renfermant les chefs d’œuvres de la donation Yvon Lambert, au cœur d’Avignon, François Hollande prend la parole devant le collectionneur, à qui il va remettre la médaille de chevalier de la légion d’honneur. Presque aussi intimidé que son hôte, le chef de l’Etat évoque l’universalité de l’art, ces œuvres « qui n’appartiennent à […]
Dans l’impressionnant musée renfermant les chefs d’œuvres de la donation Yvon Lambert, au cœur d’Avignon, François Hollande prend la parole devant le collectionneur, à qui il va remettre la médaille de chevalier de la légion d’honneur. Presque aussi intimidé que son hôte, le chef de l’Etat évoque l’universalité de l’art, ces œuvres « qui n’appartiennent à personne parce qu’elles sont à tout le monde ». Derrière lui, son aide de camp tient le coussin rouge, où repose la décoration, cet « hommage de la République » à quelqu’un « qui lui a donné bien plus que ce qu’elle lui remet ».
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Il est un peu plus de 16 heures, le soleil transperce les nuages. François Hollande vient de commencer sa visite dans la cité du Vaucluse. Il est le premier chef d’Etat en exercice à se rendre au Festival d’Avignon depuis trente ans. François Mitterrand était venu après son élection, le 10 juillet 1981. « Je suis en retard de cinq jours mais il s’était produit une longue absence », relève son héritier politique.
« Difficile de promettre à tous les secteurs des financement appropriés »
Il y a un an, lorsqu’il était venu à Avignon, François Hollande n’était que candidat à la primaire socialiste. Il s’était opposé à la volonté de sa rivale Martine Aubry d’augmenter fortement le budget de la culture. Un an plus tard, il est président d’une France toujours en crise, dans un contexte social lourd. Il affiche donc le même réalisme prudent.
« Je n’oppose pas les difficultés que les entreprises peuvent connaître avec les besoins que peut exprimer un secteur comme la culture », souligne-t-il, avant d’ajouter qu’il est « difficile de promettre à tous les secteurs des financements appropriés ». « Nous ferons l’impossible mais il y a forcément des limites », avertit le président.
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François Hollande n’est toutefois pas venu les mains vides. Il promet « une loi sur le développement et la démocratisation de la culture » aux artistes venus le rencontrer au festival du « off », où aucun président n’était venu avant lui. « Il faudra aller à l’essentiel, faire jaillir la créativité dans notre pays », explique-t-il ensuite à la presse. Accompagné des ministres de la Culture et de l’Emploi, Aurélie Filippetti et Michel Sapin, et de son conseiller culturel, David Kessler, François Hollande tient aussi à mettre l’accent sur la défense de l’exception culturelle française, menacée à ses yeux par plusieurs directives européennes. « C’est important et chaque ministre devra la défendre », souligne-t-il. Dans le contexte budgétaire que chacun connaît, François Hollande veut aussi promouvoir « la politique culturelle extérieure » et le développement de la culture française à l’étranger, victime de sérieuses coupes ces dernières années.
En France, chaque président a lancé pendant son ou ses mandats un grand chantier culturel. Lorsqu’il s’était rendu le 10 mai à la Bibliothèque François Mitterrand, pour célébrer l’anniversaire de l’élection du premier président socialiste de la Ve République, François Hollande avait déjà jugé que les temps avaient changé. Dimanche, dans la fraicheur de la maison Jean Vilar, à Avignon, il précise sa pensée :
« Il y a un moment où un président doit porter un grand projet. Ce n’est pas simplement un grand équipement, cela peut être une grande ambition, cela peut être une grande idée mobilisant tous les territoires et pas simplement un lieu comme cela a été le cas dans le passé ». « Je recherche cette grande idée qui devra être partagée, ce n’est pas simplement une volonté présidentielle, cela doit aussi être l’occasion d’un rassemblement large (…) qui doit marquer un mandat. »
Lors de sa visite de la maison de Jean Vilar, créateur, en 1947 du Festival d’Avignon, qu’il dirigea jusqu’à sa mort, en 1971, François Hollande tient à rencontrer Jack Ralite. L’ancien ministre communiste de la Santé et de l’Emploi des gouvernements Mauroy est un homme de culture. Ce fervent défenseur de l’exception culturelle française a toujours refusé de recevoir la Légion d’honneur. Mais il accepte tout sourire le livre de Victor Hugo que lui offre François Hollande.
Dernière étape de cette journée à Avignon : dans la soirée, François Hollande et Valérie Trierweiler se rendent au Cloître des Carmes, pour assister à la représentation de la pièce de Luigi Pirandello, Six personnages en quête d’auteurs.
Hélène Fontanaud
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