Le chef de l’Etat enregistre une baisse record dans un sondage Ifop pour le JDD. Et l’éclaircie n’est pas pour demain.
« Votre vie a considérablement changé depuis que vous avez gagné, l’attente portée sur vous a changé, la pression est revenue. » Le Petit Journal a relevé cette semaine cette phrase à double sens prononcée par François Hollande lors de la réception des médaillés des Jeux olympiques et paralympiques à l’Elysée le 17 septembre.
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Il y a quatre mois, François Hollande s’installait dans ses habits de président « normal ». Seize semaines plus tard, les Français sont 43% à se dire satisfaits de son action, contre 56% de mécontents, selon le baromètre Ifop pour le Journal du Dimanche. Une chute de onze points en un mois. Un « gadin » historique sous la Ve République, comparable à ceux subis par le général de Gaulle en 1962, sur fond de guerre d’Algérie, et Jacques Chirac en 2005, après l’échec du référendum européen. Ce n’est guère mieux pour Jean-Marc Ayrault, qui recule de sept points, à 50% de satisfaits et 46% de mécontents.
Pour Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’institut de sondages, cette enquête « montre une déception post-élection ou plutôt un désenchantement ».
« Mais, ajoute-t-il dans le JDD, on ne trouve pas dans notre baromètre l’expression d’un sentiment qui était apparu très tôt pour Chirac et Sarkozy, la trahison. »
Les sondés cités par Jean-Luc Parodi, consultant à l’Ifop, laissent tout de même entendre que l’image de François Hollande est atteinte : « Je m’aperçois qu’il ne doit pas côtoyer les gens qui sont en bas », « il est souvent mou », « je ne le trouve pas très charismatique ».
« Pour l’instant, les gens ne voient que la potion amère »
En déplacement samedi à Ludwigsburg, en Allemagne, François Hollande a demandé à « être jugé sur les résultats ». « Cela prendra le temps nécessaire », a-t-il ajouté en renvoyant à la fin du quinquennat, en 2017. Pendant la campagne présidentielle, le futur président avait déjà théorisé les deux années difficiles du début de mandat, avant une possible éclaircie économique et sociale, favorable à une politique redistributive.
« Pour l’instant, explique un ministre, les gens ne voient que la potion amère, les mesures fiscales, la montée du chômage. En plus, on n’efface pas en quatre mois dix ans de politique Sarkozy. »
On n’efface d’ailleurs pas Nicolas Sarkozy. L’ancien président, qui n’est pourtant sorti de son silence que pour condamner « l’inaction » de son successeur en Syrie en plein mois d’août, fait son retour médiatique. L’Express a dégainé le premier avec « Et si Sarkozy avait eu raison ? ». Le Monde Magazine a mis à la une une photo festive du couple Nicolas Sarkozy-Carla Bruni, vacanciers engagés dans « la vie d’après ». Déjà irrité par le « Hollande-bashing » qui a marqué la rentrée médiatique, avec nombre de unes sur la « nullité » présumée des nouveaux gouvernants, le camp du chef de l’Etat relève que la presse a été « intoxiquée pendant cinq ans par une hyperprésidence, qui n’était que la somme d’annonces, sans effets, et même suivies par des virevoltes ».
Seul Valls tire son épingle du jeu
Mais le nouveau locataire de l’Elysée peine lui-même à se défaire du rythme médiatique imposé par son prédécesseur. Ces dernières semaines, il a ainsi remisé sa présidence « normale » – finis les voyages en train, retour du Falcon 900 et du Super Puma – pour apparaître « en situation de combat » face à la crise. Au risque d’une rupture d’image.
Dans ce contexte, il semble normal que le seul ministre qui tire son épingle du jeu face au jugement de l’opinion soit Manuel Valls, qui joue sa partition sécuritaire de gauche au ministère de l’Intérieur, fortement marqué par le passage de Nicolas Sarkozy. Tout en affichant sa solidarité avec le duo Hollande-Ayrault. « Nous nous sommes préparés à affronter le doute, voire l’impopularité », explique-t-il dans le JDD.
La solidarité n’est pas de mise partout dans la majorité. Samedi, en décidant de rejeter le traité européen, qui doit être examiné au Parlement dans deux semaines, les écologistes d’Europe écologie les Verts ont compliqué le jeu de François Hollande, qui s’était félicité au sommet de Bruxelles en juin d’avoir « réorienté » le texte négocié par Nicolas Sarkozy. Jean-Luc Mélenchon a déjà appelé à une manifestation le 30 septembre contre ce qu’il continue de considérer comme un « traité d’austérité ».
D’autres tensions sont à prévoir à gauche lors de la présentation du projet de loi de finances vendredi prochain. Les arbitrages qui seront rendus dessineront le contenu de la politique économique des prochains mois. Le 15 mai, lorsqu’il s’était installé à l’Elysée, François Hollande avait subi les éléments déchainés – pluie, foudre. Pour lui, pas de doute, la météo demeure orageuse.
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