A l’affiche de deux films en salle cette semaine, la comédienne franco-israélo-palestinienne évoque Spielberg et Jarmusch, l’identité nationale et la burqa, Obama et le conflit Israël/Palestine.
Chaque jour est une fête est-il un film féministe ?
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C’est une métaphore sur la guerre et les hommes qui abandonnent tout pour aller se battre. Quand l’homme manque, il laisse beaucoup de problèmes derrière lui. Les femmes doivent gérer les conséquences de ce pouvoir masculin, de ces sociétés patriarcales. Les guerres résultent rarement d’un choix féminin. On peut voir ce film comme féministe, mais je n’ai pas envie de lui coller une étiquette. Il porte un regard féminin sur la vie, certes, mais il parle d’émancipation individuelle face aux pressions de la société.
Vous êtes palestinienne, citoyenne israélienne et française, actrice internationale. Comment vivez-vous ces multiples conditions ?
Très bien, pas du tout comme un exil. Vivre en France depuis vingt ans est un choix, je me trouve plus libre ainsi. Tous ces voyages dans ma vie et à travers les films n’ont fait que m’enrichir. Les gens que je rencontre dans ce métier ont des identités tellement variées. Découvrir ces cultures grâce à mon travail, pas en touriste, est formidable. Un seul aspect est un peu pesant : à force de sollicitations je ne passe pas assez de temps à Paris avec ma famille, mes enfants.
Parmi ces rencontres de cinéma, il y a eu Steven Spielberg et Jim Jarmusch.
Toutes les rencontres m’intéressent. Mais il est plus enrichissant de découvrir des êtres humains. Spielberg est adorable, humain, accessible. Ne croyez pas qu’il fait ses plans les doigts dans le nez, non, il doute, comme tout le monde. Jarmusch aussi. C’est à chaque fois comme s’ils recommençaient à zéro. J’ai de la chance de les avoir côtoyés. D’ailleurs, nous sommes restés en contact, notre échange se prolonge après les tournages.
Vous avez choisi de vivre en France. Comment vivez-vous nos débats sur l’identité nationale, la burqa ?
Je suis française, je vote ici, la politique française m’intéresse ! Ce qui m’inquiète dans ce genre de débats, c’est que les politiciens esquivent les problèmes de fond et ne cherchent pas les solutions. Le débat sur la burqa, c’est du camouflage, de la diversion. L’autre jour, j’entendais le ministre de l’Immigration se féliciter d’avoir expulsé davantage de sans-papiers que l’année précédente. Est-ce que cet homme-là connaît les histoires individuelles derrière ces statistiques ? J’en ai marre des étiquettes collectives, des catégories générales abstraites, on devrait s’intéresser avant tout aux individus. Surtout dans le pays des droits de l’homme.
Obama a dit qu’il se donnait deux ans pour aboutir à un accord de paix entre Israël et la Palestine. Y croyez-vous ? Obama représente-t-il encore un espoir ?
Pour la politique intérieure américaine, oui. En politique étrangère, je m’interroge. Je suis une personne positive et j’ai envie de croire qu’il existe une solution. Mais je ne comprends pas pourquoi Obama passe un accord où les Etats-Unis vont donner je ne sais combien de millions de dollars à Israël. Cet argent va-t-il aller vers l’éducation ou la santé ? Non. On sait bien qu’il va financer essentiellement l’armée et la colonisation en Cisjordanie. Je ne crois pas que cette paix viendra d’un gouvernement, qu’il soit américain, israélien ou palestinien. Elle viendra des peuples. Il existe déjà une amitié entre des Israéliens et des Palestiniens, comme chez nous par exemple, les artistes. C’est par ce travail humain entre les deux peuples que ça avancera. De ce point de vue, l’éducation joue un rôle fondamental.
Chaque jour est une fête de Dima El-Horr (Fr., Lib., All., 2009, 1 h 22) ; Suite parlée – Récits de souvenirs enfouis de Marie Vermillard et Joël Brisse
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