Le « Huffington Post » publie deux textes écrits par Henri Guaino et destinés à nourrir la conclusion de Marine Le Pen lors du débat d’entre-deux tours de la présidentielle face à Emmanuel Macron.
Il avait remercié Marine Le Pen pour son parrainage lorsqu’il souhaitait être candidat à la présidentielle (en précisant qu’il ne s’agissait pas d’un « soutien »), avait affirmé qu’il « pourrait travailler » avec Marion Maréchal-Le Pen, avait accepté d’être l’invité d’honneur d’un collectif FN en septembre dernier tout en démentant un éventuel « rapprochement » avec le parti d’extrême droite… Mais à force de danser au-dessus de la ligne rouge, Henri Guaino a semble-t-il fini par la franchir.
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« Ma France est une France debout. Votre France est une France couchée »
Ce 16 novembre, le Huffington Post révèle que l’ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy a fourni à Marine Le Pen deux documents avec des éléments de langage pour le débat d’entre-deux tours de la présidentielle, face à Emmanuel Macron. Le jour-même où il déclarait sur Europe 1 que, « sauf circonstances exceptionnelles, non », il ne ferait pas le choix de gouverner avec la présidente du FN, le 3 mai 2017, il envoyait un mail au député apparenté FN Gilbert Collard. En pièce-jointe, deux textes qui ont vocation à nourrir la conclusion de la candidate.
Le HuffPo les publie en intégralité. Le premier est une anaphore qui met en opposition la « France » de Marine Le Pen à celle d’Emmanuel Macron. « Ma France, c’est la France fière d’elle-même, de tout ce qu’elle a accompli de plus grand et de plus beau, fière de son histoire, de sa culture, de son art de vivre, de sa science, de sa littérature. Ma France, c’est une civilisation qui veut vivre, qui veut s’enrichir, qui veut se développer, qui veut se transmettre », démarre le texte. Avant d’enchaîner : « Votre France M. Macron c’est un pays qui cultive la haine de soi dans la repentance, et c’est la haine de soi qui ouvre la porte à la haine des autres. […] Ma France est une France debout qui défend ses intérêts dans le monde. Votre France est une France couchée qui subit ».
Une référence à Jaurès pour évoquer l’Algérie française…
L’autre texte se veut plus historique, avec des référents identitaires de la droite classique, et une main tendue aux anciens de l’Algérie française – un électorat traditionnel du FN. Il compare ainsi Emmanuel Macron aux « enfants gâtés de Mai 68 », avant de disserter en empruntant un mot à Jaurès :
« Qui êtes-vous pour juger que les Français d’Algérie ont perpétré des crimes contre l’humanité? Avez-vous souffert de ce drame de l’Algérie dans votre chair? Jaurès, que vous devriez connaître mieux que moi, disait ‘ce qu’il faut ce n’est pas juger toujours, juger tout tout le temps’. Que peuvent penser de votre jugement ceux qui ont tout perdu, parfois même perdu à jamais le corps de leur père? »
Contacté par le HuffPo, Henri Guaino dit ne pas avoir ces textes en mémoire, et se défend d’avoir été directement en contact avec Marine Le Pen : « Je n’ai pas appelé à voter Marine Le Pen ni accepté les propositions de circonscriptions qu’on m’a faites. Je discute depuis longtemps avec Collard, comme je peux échanger avec Mélenchon. J’ai écrit pour Seguin, pour Pasqua ou pour Sarkozy, mais n’ai jamais retrouvé mes mots dans la bouche de Marine Le Pen ». De fait, ce soir-là, Marine Le Pen ne s’est pas inspirée des deux textes écrits.
Guaino « ne dément ni ne confirme » avoir rencontré Mme Le Pen avant le second tour
D’après un proche à elle, ils n’ont même pas été portés à sa connaissance. Cependant, une rumeur persistante voudrait qu’Henri Guaino ai rencontré à plusieurs reprises Marine Le Pen avant le débat, et même avant l’entre-deux tours. « Je ne démens ni ne confirme. Je ne commente pas ce genre de choses, je ne suis plus un homme public. Je n’ai pas fait le même choix que Dupont-Aignan, c’est tout. Je refuse d’entrer dans cette logique », déclare l’intéressé, qui s’est retiré de la vie politique après son échec aux législatives. En tout cas, à revoir la conclusion confuse de Marine Le Pen le 3 mai dernier, après un débat déjà catastrophique pour elle, peut-être regrette-t-elle de ne pas avoir été mise au courant de ces deux argumentaires…
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