Le monument d’Edgar Reitz sur l’Allemagne, vue à travers le destin d’une famille de Rhénanie du XIXe au XXe siècle.
Avec Heimat sa monumentale saga paysanne allant grosso modo de 1840 à 2000, Edgar Reitz fait allusion aux Heimatfilme régionalistes qui firent florès en Allemagne dans les années 1950, et restent complètement inconnus de ce côté du Rhin. Il leur donne des lettres de noblesse avec sa peinture raffinée de la vie à Schabbach, village imaginaire de la région du Hunsrück (Rhénanie). Entreprise gigantesque conçue par Reitz à la fois pour le grand et le petit écran à partir des années 1980, qui avoisine les 56 heures de film.
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On y assiste principalement au destin des membres de la famille Simon au fil des décennies du XXe siècle, avec à l’arrière-plan les soubresauts historico-politiques (montée du nationalisme, avènement du nazisme) et économiques (croissance, récession) du pays. Une œuvre chorale à la fois ample et régionale, singulière et globale, en noir et blanc et en couleurs.
Arte n’en diffusera pas l’ensemble, mais la quintessence en quelque sorte. D’abord le prequel, volet le plus récent (2011), constitué de deux longs métrages, Heimat I, chronique d’un rêve et Heimat II l’exode, sur les origines de la famille Simon au XIXe siècle. Soit entre 1840 et 1848, au moment où la pauvreté de la région incitait certains Allemands à émigrer au Brésil. On est emporté par le souffle romanesque de Reitz, qui donne vie à cette famille de forgeron, vue à travers le prisme du fils Jakob, féru de lecture et fasciné par le Nouveau Monde.
Un continent filmique
Ensuite, Arte diffusera Heimat, une chronique allemande (1980-84), noyau originel de la saga, couvrant la période 1919-1982, remonté en sept épisodes et restauré. Sans totalement raccrocher les wagons, puisque Reitz fait l’impasse sur la Première Guerre mondiale, cette partie est assez raccord avec les longs métrages situés au siècle antérieur. On suit le destin des enfants de Mathias et Katharina Simon, dont l’un émigre en Amérique (en 1927) et les autres évoluent de façon très diverse parallèlement à la montée du nazisme.
La suite, plus grosse partie de la saga, qui ne sera pas diffusée, comprend Heimat 2, chronique d’une jeunesse, situé à Munich dans les années 1960-70 ; Heimat 3, chronique d’une époque, sur les années 1989-2000 ; sans oublier l’inédit Heimat Fragmente, collage poétique d’extraits non utilisés de la saga, et un prologue documentaire tourné en 1981 par Reitz. Bref, un vrai continent filmique, sans équivalent dans le cinéma mondial, qui réalise la radiographie d’une nation en examinant un village et ses habitants pendant plus d’un siècle.
Heimat I – Chronique d’un rêve, et Heimat II – L’Exode (2011) mercredi 26 août, 20 h 50 Heimat – Une chronique allemande (1980-84) D’Edgar Reitz Tous les jeudis, du 27 août au 24 septembre, 22 h 45 Arte
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