Hier soir à la fac de médecine de Paris Descartes avait lieu le premier rendez-vous de « Hé oh la gauche ! ». L’objectif de ces partisans de François Hollande est double : défendre le bilan du quinquennat et réaffirmer que le clivage gauche-droite est bel et bien réel.
« Le Parti socialiste nous a prévenus en milieu de semaine dernière. Et entre nous, on a vraiment l’impression que tout a été organisé à la va-vite », le constat de Jacky, militant socialiste parisien est cinglant. Lundi 25 avril, en fin de journée, a eu lieu le premier rendez-vous du mouvement « Hé oh la gauche ! » dans les locaux de la fac de médecine de l’université Paris Descartes, en plein coeur du quartier parisien de St-Germain des Prés. L’amphithéâtre – d’une capacité d’accueil de 600 personnes environ – est quasi plein. A l’intérieur, des journalistes, quelques militants et, surtout, la quasi-totalité de la garde rapprochée du président François Hollande.
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« Il faut se montrer un peu plus indulgent »
« Ca fait quatre ans que le gouvernement est en place. Et ça fait quatre ans qu’il est maltraité par l’opposition et les médias. Alors ok, le bilan n’est pas parfait mais quand même. Il faut se montrer un peu plus indulgent », témoigne Jacqueline, militante socialiste à la retraite originaire de Grenoble. Elle n’a pourtant pas fait le voyage spécialement pour l’occasion. D’ailleurs elle a appris la tenue de ce meeting qui n’en a pas le nom « à la télévision, par Stéphane Le Foll. » Le ministre de l’Agriculture et porte-parole du gouvernement a pour mission de remobiliser les troupes à un an de la présidentielle de 2017. « On n’est pas là pour se soigner mais pour se mobiliser », lance-t-il d’emblée, assis sur l’estrade de l’amphi en compagnie d’une sorte de garde prétorienne de François Hollande : les ministres Jean-Michel Baylet (collectivités territorialesà, Emmanuelle Cosse (logement), Najat Vallaud-Belkacem (éducation) et Marisol Touraine (santé).
Macron en prend pour son grade
Deux grandes idées articulent la soirée. Tout d’abord un message envoyé au seul membre du gouvernement – et plus globalement de la gauche – qui n’était pas le bienvenu ce soir, le ministre de l’Economie Emmanuel Macron. L’ensemble de l’auditoire s’est efforcé de rappeler que oui, la gauche et la droite, ce n’était pas la même chose. Pour appuyer la démonstration, les 600 personnes de l’amphi B ont eu droit à quelques sliders pas franchement clairs du sondeur d’Harris Interactive, Jean-Daniel Levy.
L’autre grande idée, c’est la défense du bilan des quatre premières années du gouvernement socialiste qui, selon les hôtes du soir, ne sont pas à jeter aux oubliettes. Il y a une nécessité de pédagogie, ont martelé les orateurs. La généralisation du tiers-payant, le maintien de la retraite à 60 ans ou la « révolution copernicienne » dans l’éducation : « Nous devons défendre notre bilan et débusquer le projet de la droite avant qu’il ne soit trop tard », prévient le radical Jean-Michel Baylet. L’objectif, c’est bien entendu 2017. « Les Français peuvent avoir des doutes, concède Le Foll. Nous devons donner envie et force d’y croire. » Mais y croient-il eux-mêmes ? Pas de doute pour Marisol Touraine, très applaudie ce soir : « Nous n’avons pas à nous cacher, nous n’avons pas à rougir de ce que nous avons accompli. Comme ministre et femme de gauche, je veux vous dire que, moi, je n’ai pas renoncé à la victoire en 2017. »
Le PS doit sortir de l’entre-soi
Mais le problème de cette soirée résulte dans l’incapacité du Parti socialiste à sortir de l’entre-soi et de se débarrasser de leurs oeillères. Quelle est la prise de risque de défendre un bilan face à une Assemblée composée de militants assidus et de membres de cabinets ministériels ou parlementaires socialistes ? Le ton de la soirée était vite donné par le tract distribué à l’entrée. En cinq points, « Hé oh la gauche ! » nous explique que « Depuis 2012, la France change… » sans jamais évoquer la fameuse courbe du chômage, condition sine qua non à la candidature de François Hollande. D’ailleurs où s’étonne encore de l’absence de Myriam El Khomri à cette soirée. Au verso, « Hé oh la gauche ! » s’essaye à la dystopie et imagine « ce que te prépare la droite » ! – comprendre Les Républicains. Pas un mot sur le FN, ni sur la gauche de la gauche, alors que les sondages donnent un Jean-Luc Mélenchon sur les talons de François Hollande.
Le reste de la soirée prend des apparences de méthode Coué suivant une logique assez simpliste : 10 courtes vidéos de militants sur des thèmes généraux (emploi, fonction publique, transition énergétique ou éducation). Puis un des cinq ministres défend le bilan gouvernemental sur ce thème avant de mettre en garde, de ce que la droite – ou Emmanuel Macron ? – aurait fait à la place… « Hé oh la gauche ! » a été copieusement moqué sur les réseaux sociaux durant la journée de la lundi. Des moqueries symptomatiques de la détresse ressentie dans le camp du principal parti de la gauche. Le temps presse dans un PS dans les fondations menacent de plus en plus de s’effondrer. « Hé oh, Hé oh, on se remet au boulot », aurait-on pu imaginer en guise de slogan.
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