Alors que sort son nouveau film, Mister Lonely, l’ex-petit génie du cinéma américain nous parle de nonnes qui sautent en parachute, de son dégoût pour Angelina Jolie et des idées d’Obama.
Pourquoi un film sur les sosies ? Qu’est-ce qui vous fascine tant chez eux ?
J’ai toujours aimé les personnages marginaux, les outsiders, les vagabonds, avec des personnalités obsessives. J’ai connu un vieux sosie de Michael Jackson qui avait sauté sur une mine antipersonnel au Vietnam, pendant la guerre, et qui continuait malgré tout, avec une seule jambe, à danser devant les gens. Il me fascinait totalement. Alors je me suis demandé ce que ça donnerait si plein de sosies d’icônes mortes, comme Marilyn Monroe, Charlie Chaplin, Sammy Davis Jr. ou James Dean vivaient ensemble, dans une même communauté. A partir de cette idée, on a écrit le scénario avec mon frère, et voilà !
Et comment, à partir des sosies, en êtes-vous arrivé à l’histoire délirante de nonnes à bicyclette sautant en parachute ?
C’est un rêve qui m’accompagnait depuis un certain temps et j’avais juste envie de le mettre dans mon film. C’est comme ça, je ne l’explique pas. Dans la vie, il n’y a aucun message, j’aime que ça soit pareil dans les ilms. J’imagine qu’une partie du public va être surprise par cette histoire parallèle mais, pour moi, il y a un lien évident entre ces nonnes et les sosies : leur obsession, le fait qu’elles se mettent aussi à l’écart de la société et cherchent à recréer leur propre réalité.
Vous allez toujours voir beaucoup de films ? Qui vous intéresse en ce moment ?
J’ai arrêté d’en voir à une époque, et puis je m’y suis remis il y a quelques années. En ce moment, je revois beaucoup de films de Clint Eastwood. Il a un style unique, une façon merveilleuse de faire des portraits sombres de la société américaine, même dans ses films commerciaux. Mais je préfère ses vieux films, comme Pale Rider, aux plus récents.
[attachment id=298]Et son dernier film, L’Echange ?
Je n’y suis pas allé à cause d’Angelina Jolie. Je n’ai rien contre elle personnellement, mais comment peut-on avoir envie de voir un film avec quelqu’un qui fait la une des tabloïds en permanence ? Ça casse le rêve, la magie de l’acteur. Sinon, j’aime aussi pas mal de réalisateurs français : Claire Denis, Leos Carax, Chantal Akerman. Et j’ai découvert il y a peu Raymond Depardon : quel choc !
Avez-vous vu le dernier film de Carax, Merde ?
Non, malheureusement. J’étais à Paris il y a quelques semaines mais je l’ai raté. Denis Lavant (qui joue dans Mister Lonely – ndlr) est un de mes acteurs préférés, donc j’ai vraiment hâte de rattraper le film.
Les US vous semblent-ils différents depuis l’élection d’Obama ?
Oh oui ! On sent une telle énergie positive depuis qu’il est élu, c’est inouï. J’habite en face du siège du parti communiste local et je les vois se balader tous les jours, heureux, en veste rouge, à fumer des cigares et à se montrer leurs tatouages (rires). J’en ai même vu faire l’amour dans la rue ! Je me souviens quand les médias avaient peur qu’Obama se révèle être un socialiste et se demandaient si on pouvait avoir confiance en lui. Mais moi, ça a toujours été mon rêve d’avoir un Président noir et socialiste !
Sauf qu’Obama n’est pas vraiment socialiste… Vous ne craig z pas d’être déçu, avec ces ministres républicains et ces vétérans de l’ère Clinton ?
Bien sûr, j’aurais voulu qu’il s’entoure de davantage de progressistes, mais pour l’instant je me contente de savourer. Quel bol d’air frais ! Et je file un coup de main à mon pote qui a fait accidentellement brûler sa maison avec un cocktail Molotov le soir de la victoire ! Il était tellement soûl qu’il ne se rendait compte de rien et continuait à danser pendant que sa maison partait en flammes.
Quels sont vos projets ?
Je suis en train de préparer une exposition à la galerie agnès b. pour 2009. Et j’ai presque terminé le scénario de mon nouveau film, que j’aimerais aussi tourner l’an prochain à Nashville, où j’habite. Je ne veux pas trop en parler pour l’instant – même ma femme ne sait pas de quoi ça parle –, mais je crois que ça va encore être un film “fucked up”, qui va choquer pas mal de monde.
Propos recueillis par Jacky Goldberg Photo Guillaume Baptiste