La semaine dernière Mediapart et France Inter ouvraient leurs tribunes aux témoignages de quelques femmes politiques qui ont souhaité briser le silence sur le harcèlement sexuel dont elles ont été victimes par leurs collègues masculins. Depuis les révélations sur Denis Baupin, qui est accusé de harcèlement sexuel au sein de l’Assemblée nationale, les langues se délient. Lui réfute, démissionne de son poste de vice-président de la chambre basse et les femmes osent, tour à tour un témoignage, un commentaire : « je l’ai aussi vécu », « je l’ai vu », ou « je savais ce qu’il se passait ». Chacun salue le courage de ces dernières qui ont osé parler, au risque de ne pas être prises au sérieux ou d’être mises au placard. Il y a un an déjà, des femmes journalistes politiques dénonçaient le sexisme dont elles étaient victimes au travail, dans une tribune parue dans le quotidien Libération.
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Où sont les hommes ?
Dimanche, Libération publiait un billet où le journaliste Johan Hufnagel s’est posé la question suivante : « Pourquoi aucun homme politique, président de parti, dirigeant de grande entreprise ou haut fonctionnaire, ne prend la parole pour dénoncer aussi le harcèlement sexuel en politique? ». Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt? Il est vrai que l’indignation monte à ce sujet dans les couloirs de l’AN et on aurait presque oublié que le harcèlement sexuel est autant une histoire de bonnes femmes que de bons hommes. Il s’agit en effet de ne rien laisser passer, hommes et femmes doivent s’entendre contre la main aux fesses et l’œil lubrique sur les derrières élus. Libération rappelle également qu’au cours de sa vie, une femme sur cinq a été ou sera victime d’harcèlement sexuel. En revanche, Christine Boutin, elle, n’a visiblement pas été touché par cet élan de féminisme dont fait preuve le gouvernement, comme on peut le constater dans ce tweet qui a évidemment fait rapidement le tour du web.
#Sexisme: Honte de ces anciennes anciennes ministres qui laissent entendre que les hommes sont des obsédés ! Marre vraiment marre
— christine Boutinن (@christineboutin) 15 mai 2016
A chaque polémique son lot de détracteurs. Le Journal du Dimanche publiait, également le 15 mai, une tribune où 17 ministres lançaient « un appel pour dénoncer les remarques et comportement sexistes ». Cinq ans après l’affaire DSK, un an après « Bas les pattes » des journalistes politiques, c’est au tour des ministres de donner de la voix. Il y a un an, Cyrille Eldin, le trublion de Canal+, menait l’enquête au sein de la classe politique qu’il fréquente régulièrement. Il se rendait lui-même compte qu’il faisait aussi parti du lot des hommes pas franchement courtois avec ces dames. Si les journalistes et les élues jouissent d’une visibilité publique non négligeable et très utile pour monter au créneau, quand est-il des « intitutrices, puéricultrices, administratrices, dessinatrices, (..) les ménagères, les infirmières, les conseillères d’orientation », comme dirait Philippe Katerine? Il faut espérer que cette fois personne ne coupe le son.
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