“Les Pieds sur terre“, l’émission de reportage de France Culture, était consacrée ce 18 mai au harcèlement en milieu scolaire. Jérôme Sandlarz a rencontré Nora Fraisse, qui raconte dans un récent ouvrage, Marion, 13 ans pour toujours (éd. Calmann-Lévy), comment sa fille s’est suicidée en 2013 après avoir été victime de harcèlement au collège et sur […]
« Les Pieds sur terre« , l’émission de reportage de France Culture, était consacrée ce 18 mai au harcèlement en milieu scolaire. Jérôme Sandlarz a rencontré Nora Fraisse, qui raconte dans un récent ouvrage, Marion, 13 ans pour toujours (éd. Calmann-Lévy), comment sa fille s’est suicidée en 2013 après avoir été victime de harcèlement au collège et sur les réseaux sociaux. SOn témoignage est bouleversant.
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« Sa vie ne vaut rien, on n’en fait pas état »
« Quand j’ai découvert Marion et que j’ai tenté de la sauver en vain, il y avait une musique lancinante […] C’était son portable qui était pendu en haut de sa mezzanine. Elle avait mis fin à l’arme qui l’avait poussée au suicide. Cet outil de communication s’était retourné contre elle. C’était devenu un outil de diffusion de menaces de mort, d’insultes… », raconte-t-elle.
Elle pointe du doigt l’invisibilité du harcèlement en milieu scolaire, qui peut-être dû au manque de vigilance des administrations, mais également la manière dont le collège où sa fille était scolarisée l’a abandonnée, et n’a jamais manifesté la moindre compassion : « Sa vie ne vaut rien, on n’en fait pas état. […] Deux ans après le décès de Marion, on n’a toujours aucune nouvelle [du collège] ».
« J’étais responsable puisque j’étais différent »
Puis vient le témoignage de Tony Jean, 19 ans, lui aussi victime de harcèlement. « Ça a commencé dans les vestiaires, explique-t-il. J’étais assez complexé par mon corps, et je refusais de me changer devant les gens. Au début c’était un petit jeu : il fallait m’enlever mes fringues de force. […] Il y avait toujours un nouveau jeu à essayer sur moi. »
Il explique que ses parents ne se sont rendus compte de rien « jusqu’à la fin », et que lui gardait le silence sur sa situation : « J’avais trop peur pour essayer d’en parler concrètement ». Il commence alors à se mutiler, ça devient une addiction : « C’était une façon de me punir de ce qui se passait, j’étais responsable puisque j’étais différent. »
En première, il se rend compte qu’il est bisexuel. Le harcèlement prend une tournure homophobe. On ne l’appelle plus par son prénom, mais par des insultes. La descente infernale continue. Un lundi, avant d’aller en cours, il décide de se suicider, et part au collège après avoir avalé deux tablettes d’antidépresseurs, de l’alcool et des drogues.
« La parole est une arme »
Après un internement en hôpital psychiatrique, il revient au lycée peu avant le bac : « Il n’y a eu aucun changement, mes harceleurs étaient toujours présents. […] J’ai compris que si je n’arrivais pas à faire sortir les témoins de l’ombre il n’y aurait pas de sanctions ». Il obtient finalement leur renvoi, mais son calvaire continue : « Les autres étaient devenus un combat permanent ».
Il trouve un peu de réconfort en adhérent à la Jeunesse communiste : « C’est eux qui m’ont permis de m’affirmer, de retrouver confiance en moi. J’y milite encore aujourd’hui. » « C’est pas seulement le harcèlement qui tue, mais aussi le silence. La parole est une arme. », conclut-il.
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