Le rouleau compresseur GTA V devait tout écraser. Loin d’être révolutionnaire, ce nouvel épisode tourne souvent à vide.
1- le sujet
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Il y eut les années Pac-Man, Mario, Lara Croft. Depuis une décennie, le jeu vidéo est entré dans ses années Grand Theft Auto. Il bat des records (de budget, de ventes) et collectionne les superlatifs. Il serait le jeu le plus novateur (c’est souvent vrai), le plus violent (c’est faux) et le plus beau (ça se discute), porteur de tous les vices comme de toutes les vertus. Il entraîne le médium vers la maturité, corrompt la jeunesse, fait perdre le sommeil à Nadine Morano. Lancé le 17 septembre, GTA V se présente comme un aboutissement pour Rockstar Games. Un univers plus vaste que jamais centré sur Los Angeles (alias Los Santos). Une aventure où se mêlent les points de vue de trois personnages contrôlés tour à tour par le joueur. Et de multiples distractions (pilotage d’avion, tennis, golf, balades à volonté) entre deux braquages. Le succès, commercial comme critique, est bien là.
2- le souci
La première action exigée dans GTA V ? Abattre un homme d’une balle dans la tête. Plus tard, une séquence de torture provoque le malaise. Ce qui n’est pas mauvais en soi, mais quelque chose manque pour mettre le geste en perspective. Autre aspect du débat : la place que le jeu réserve aux femmes, putains vénales ou mamans timbrées. Lorsqu’une journaliste US s’en émeut, c’est le tollé et une pétition en ligne demande son licenciement. “Mais c’est une satire !”, répondent les twittos courroucés. Sauf que l’on ne sait plus à qui s’en prennent les développeurs de Rockstar, un œil sur la fantaisie potache des débuts, l’autre sur le sous-texte sérieux de l’épisode IV. Plume en vue, Leigh Alexander va plus loin sur le site Gamasutra. Au lieu de “créer de nouvelles sortes de monstres, regrette-t-elle, GTA radote les mêmes vieux fantasmes sur les gangs tel un étudiant qui ne peut arrêter de fixer son poster du Parrain II en racontant entre deux bouffées de pipe à eau comment il va devenir un grand réalisateur hollywoodien.”
3 – le symptôme
Le problème de GTA est celui de ces “franchises” grandies trop vite qui, en plus, redoutent de décevoir leurs fans. L’univers offert est immense, mais à quoi bon s’il n’a pas de sens et si l’on n’y fait rien de neuf ? Et ces immeubles merveilleusement recréés ? Quel intérêt si l’on ne peut y entrer ? Et plus tout ça ressemble à notre monde, plus ce qui l’en distingue encore dérange. Quant au trio de personnages, moins forts que l’immigrant serbe de GTA IV ou le gangbanger de San Andreas, il fait presque figure d’aveu. A défaut d’un vrai bon héros, trois pas trop mal, ça devrait passer ? Le plus convaincant est Trevor, le psychopathe, fantôme d’une époque où la formule était neuve et où la transgression, la catharsis suffisaient. La technologie a fait d’immenses progrès. Ne reste qu’à (ré)inventer le jeu qui va avec. Sillonner les routes de GTA V sans but est déjà un plaisir. C’est un début mais pas un aboutissement.
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