La militante suédoise pour le climat, âgée de 16 ans, a accordé une interview à Libération. Elle explique pourquoi elle va interpeller l’Assemblée nationale française le 23 juillet, et revient sur son choix de prendre une année sabbatique.
Greta Thunberg, la militante écologiste suédoise, à l’origine du mouvement de grève scolaire le vendredi, réclamant des gouvernements qu’ils agissent en faveur du climat, a accordé une interview exclusive à Libération le 15 juillet. Elle révèle à la journaliste Ause Massiot, qui a dû prendre le train pour la rencontrer à Stockholm (vingt-quatre heures de rails et six correspondances furent nécessaires), qu’elle interviendra à l’Assemblée nationale le 23 juillet : “Aucun pays ne fait assez, si on veut rester sous la limite des 1,5°C. J’ai reçu de nombreuses invitations pour m’exprimer devant de nombreux Parlements. J’ai dû décliner pour beaucoup. Cette fois, cela semblait être un bon timing pour la France”, relate-t-elle. La semaine prochaine, elle se rendra en effet à Caen pour recevoir le Prix Liberté.
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“Beaucoup d’étudiants le font, alors pourquoi pas moi ?”
Régulièrement, les discours de cette jeune fille de 16 ans font une forte impression – à l’instar de celui qu’elle a prononcé à la tribune de la 24e conférence onusienne sur le changement climatique (COP24), à Katowice en Pologne, en décembre 2018. Son calme et sa froideur, lorsqu’elle met en garde les responsables politiques sur leurs responsabilités, impressionnent. Nul doute que son intervention à l’Assemblée fera aussi son effet.
A la une de Libé : entretien exclusif avec Greta Thunberghttps://t.co/AK5TLjKEL0 pic.twitter.com/6bklavBNYK
— Libération (@libe) July 14, 2019
Au cours de la conversation, elle revient sur sa décision de prendre une année sabbatique pour se consacrer entièrement à son combat : “Ce ne fut pas une décision facile. J’adore l’école et j’aime apprendre. Je m’étais inscrite à des cours pour l’an prochain, mais vers la fin du semestre, je me suis dit : si je dois mener à bien cette mobilisation, je dois le faire maintenant. Je dis tout le temps que nous devons agir dès aujourd’hui et qu’il n’existe aucune excuse valable pour ne pas le faire. Décaler mes études d’une année n’est pas grave. Beaucoup d’étudiants le font, alors pourquoi pas moi ? D’après de nombreuses estimations scientifiques, l’année 2020 est notre dernière chance d’infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre, si on veut garder une chance de respecter l’accord de Paris sur le climat, et de limiter la hausse des températures en dessous de 2°C, ou 1,5°C.”
“Le simple fait d’exister nous fait participer au système”
Celle qui a traversé une dépression à l’âge de 11 ans, à cause de cette prise de conscience sur la crise environnementale, livre aussi un message aux jeunes, de plus en plus nombreux, qui sont gagnés par l’éco-anxiété, dépression verte ou la « solastalgie », ces peurs de l’effondrement : “Le simple fait d’exister nous fait participer au système et alimente cette crise. Je me sentais si désespérée. J’ai alors eu l’idée de cette grève de l’école. J’ai voulu essayer, car c’était nouveau. Et c’est devenu énorme. Il y a tellement de choses à faire. Si tu veux guérir ta tristesse et ton angoisse, agis. C’est le seul remède possible”.
La diffusion de l’interview de Libération a d’ores et déjà suscité l’ire de militants – notamment d’extrême droite – qui la jugent manipulée. Au sujet de ces campagnes de dénigrement, Greta Thunberg répond : “Bien sûr que cela m’atteint. Mais, malheureusement, c’est ce qu’on doit supporter quand on soutient une cause : recevoir de la haine, des menaces, être la cible de mensonges. Certaines personnes ne supportent pas de voir des individus s’opposer à leur vision du monde. Elles essayent alors de les écarter. C’est très triste. Mais on peut aussi voir ça positivement. Le fait que ces personnes se sentent menacées est la preuve que notre mouvement fonctionne, que notre message passe”.
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