Chaque jour, Katy Hessel, commissaire d’exposition britannique, poste sur le compte Instagram “Great Woman Artists” une œuvre d’une artiste, célèbre ou méconnue, peintre, sculpteuse, illustratrice ou performeuse, afin de redessiner la place des des femmes dans l’histoire de l’art.
“Je veux comprendre l’intégralité de l’histoire de l’art, ce qu’on ne peut pas faire en adoptant seulement le point de vue d’un homme blanc occidental,” dit Katy Hessel, commissaire d’exposition britannique. Formée en histoire de l’art à UCL (Londres), travaillant pour la galerie d’art indépendante de l’est de Londres Victoria Mirò, elle se désespère devant le manque de représentation des femmes artistes dans les institutions culturelles de son pays. “J’adore la National Gallery (à Londres), mais le fait que moins de 20 des plus de 2 300 œuvres exposées sont réalisées par des femmes (et probablement des femmes blanches) montre que cela n’est pas une représentation exacte de l’histoire, explique-t-elle au magazine i-D. On ne peut pas juste sortir les femmes de l’histoire, ça ne marche pas comme ça.”
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En 2015, c’est la goutte de trop : Katy visite une foire d’art au sein de laquelle aucune artiste femme n’est représentée. Elle se tourne vers les réseaux sociaux afin de diffuser une vision de l’histoire de l’art plus inclusive et diversifiée que celle à laquelle elle est quotidiennement confrontée : Katy lance Great Woman Artists, un compte Instagram sur lequel elle publie chaque jour une oeuvre d’une femme artiste.
“J’ai décidé de me donner le challenge de trouver une artiste femme par jour et de faire bon usage de mes nouvelles connaissances, en racontant aux gens l’histoire de ces femmes artistes d’une façon simple, facile à lire et accessible.” En dessous de chaque œuvre postée, Katy écrit une courte bio de l’artiste mise en avant. “Je veux normaliser l’idée selon laquelle les artistes femmes font aussi partie des grands noms de l’histoire de l’art. Il y en a tellement, alors pourquoi ne pas les célébrer ?”
Des artistes françaises, britanniques, maghrébines, afro-américaines
En déroulant la page du compte Instagram Great Woman Artists, on tombe à la fois sur des œuvres de grandes artistes déjà bien connues du grand public – Frida Kahlo, Louise Bourgeois, Niki de Saint Phalle, Marie Laurencin – et des focus sur des noms plus confidentiels, traversant les époques et les continents : on y croise tout autant des artistes contemporaines locales, que Katy Hessel rencontre aux quatre coins de Londres, que Lubaina Himid, peintre d’origine tanzanienne qui a gagné le dernier Turner Prize, l’artiste botanique allemande Maria Sibylla Merian, grande naturaliste du XVIIe siècle, Baya, peintre algérienne des années 30, ou encore Harriet Powers, brodeuse afro-américaine originaire de Géorgie (USA), qui a appris l’art du patchwork sur la plantation où elle était esclave. Qui a dit que les réseaux sociaux ne pouvaient pas être éducatifs ?
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