Ondes naturalistes pour radio fun, surveillance généralisée pour temps paranoïaques et fresque historique sur la Seconde Guerre mondiale : trois conseils médias.
The War
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Arte a mis en ligne The War, série exceptionnelle de Ken Burns et Lynn Novick sur la Seconde Guerre mondiale. En quelque quatorze heures et autant d’épisodes, ce documentaire fleuve raconte le sacrifice et la résistance d’une génération de soldats américains et de leurs familles.
Contrairement à une pléiade de films déjà existants sur le sujet, The War renouvelle le genre en rendant compte des vies minuscules d’anonymes pris dans la tourmente historique, des Marines de Guadalcanal aux parachutistes de Normandie. Loin des clichés ou des sermons patriotiques, The War ne privilégie pas le bruit et la fureur des armes au détriment de ceux et celles qui sont resté·es dans leurs petites villes américaines. C’est justement l’alternance de ces deux mondes, des mois qui précèdent la guerre jusqu’à la paix de 1945, qui rend ce film aussi émouvant.
Sur arte.tv en 14 épisodes jusqu’au 31 août
Tous surveillés – 7 milliards de suspects
Alors que le gouvernement a annoncé être dans une “phase exploratoire” pour mettre au point une application de traçage numérique pour lutter contre l’épidémie de coronavirus, le documentaire Tous surveillés – 7 milliards de suspects, de Sylvain Louvet, tombe à pic. Déconnecté du contexte immédiat de la pandémie, il montre comment le monde a basculé en cinquante ans dans une “obsession sécuritaire” qui, grâce à l’intelligence artificielle, donne aux autorités le pouvoir de tout voir et de tout entendre.
Parcourant la France (et Nice en particulier, la ville la plus vidéosurveillée de France), Israël (un modèle en la matière), les Etats-Unis ou encore la Chine, ce documentaire nourri de témoignages de spécialistes comme le sociologue Laurent Mucchielli nous plonge dans le “marché de la peur” qui s’est développé et met au jour son irrationalité.
Car si, à tout moment, quelqu’un peut nous planter un couteau dans le dos, il faudrait alors en permanence surveiller tout le monde. Malheureusement, cette vision paranoïaque semble être partagée par de nombreuses élites dirigeantes. A tel point que la possibilité d’un “totalitarisme numérique” ne relèverait plus de la science-fiction.
Sur Arte le 21 avril et sur arte.tv jusqu’au 19 juin
Phaune Radio
La première fois qu’on a écouté le flux de Phaune Radio, cette webradio créée en 2013, pendant le confinement, elle diffusait le morceau What Keeps Mankind Alive de Tom Waits. Un morceau sombre et apocalyptique, tout à fait adéquat à l’époque, qui se conclut par ces paroles : “Mankind is kept alive by bestial acts” (“L’humanité reste en vie grâce à des actes bestiaux”). C’est justement ce que donne à entendre Phaune Radio en dehors de sa playlist (qui foisonne de raretés), mais en version originale : des sons d’animaux, des bruits de houle et autres objets sonores non-identifiés.
“L’idée, c’est qu’on peut tout se permettre. Le cœur concept de Phaune radio, c’est de faire entendre, au-delà des mots, le sauvage”, nous explique Floriane Pochon, une des quatre bénévoles de l’antenne, qui revendique l’influence du compositeur audio-naturaliste Fernand Deroussen. On se surprendra ainsi à écouter des graines pousser, la fonte d’un glacier, ou encore un dialogue entre Deleuze et les tortues ninjas (oui, oui).
Au-delà du flux, décalé à souhait (et qui devient même expérimental à partir de 22 heures), Phaune Radio est aussi un studio indépendant de podcasts. On peut y écouter les épisodes de Phaunoscopie (des entretiens barrés avec des savants sur le monde vivant) ou les balades sonores conçues avec l’écrivain de science-fiction Alain Damasio, un habitué de la maison (ne pas louper, notamment, ses Fragments hackés d’un futur qui résiste). Une radio vraiment fun.
Sur phauneradio.com
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