Elle aurait fêté aujourd’hui son 123e anniversaire : la page d’accueil de Google célèbre la cheffe lyonnaise Eugénie Brazier, première dans l’histoire du Guide Michelin à recevoir les trois étoiles pour ses deux établissements.
Qui est cette cuisinière au chignon tiré et à la mine joviale mise à l’honneur par la page d’accueil Google ce mardi 12 juin ? Il s’agit d’Eugénie Brazier, cheffe lyonnaise originaire de l’Ain, qui aurait fêté ses 123 ans en 2018. La première femme dans l’histoire du Guide Michelin à être récompensée deux fois des trois étoiles – il faudra attendre plus de soixante ans pour que cet exploit s’accomplisse de nouveau, par Alain Ducasse – c’est aussi elle qui est à l’origine des bouchons lyonnais, ces restaurants typiques de la ville des Gones où l’on sert des spécialités régionales. Une de ses tables éponymes, La Mère Brazier, aujourd’hui dirigé par le chef étoilé Mathieu Viannay (Meilleur Ouvrier de France 2004), reste une référence parmi les adresses lyonnaises.
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Devenue au fil de sa carrière un des emblèmes de la gastronomie française à l’international, la cheffe est pourtant tombée dans la cuisine par nécessité. A la mort de sa mère, alors qu’Eugénie Brazier n’avait que dix ans, c’est elle qui reprend les cuisines du domicile familial. A 19 ans, elle est bannie par son père pour être tombée enceinte d’une relation illégitime. Eugénie quitte Bourg-en-Bresse pour s’installer avec son fils à Lyon, où elle entre en apprentissage dans un restaurant.
🎂 #JoyeuxAnniversaire 🎂 à la #chef cuisinière Eugénie Brazier 👩🍳 née il y a aujourd'hui 1️⃣2️⃣3️⃣ ans#Lyon#Anniversaire#HappyBirthday 🎉@lamerebrazier pic.twitter.com/rwxGBxjAIj
— Le Progrès Lyon (@leprogreslyon) June 12, 2018
Cervelle de canut et volaille de Bresse
Elle ouvre son premier établissement en 1922 : à l’époque, les femmes en cuisine sont surnommées les « mères », son restaurant s’appelle donc La Mère Brazier. Situé Rue Royale, dans le Ier arrondissement lyonnais, la cheffe y sert des plats typiques de la région : cervelle de canut (du fromage blanc aux herbes), quenelles, volaille de Bresse, gâteau de foie de volaille. Elle ouvre sa deuxième table quelques années plus tard, dans les montagnes lyonnaises. En 1933, c’est la consécration : elle reçoit les trois étoiles du Guide Michelin pour ses deux tables.
Eugénie Brazier devient rapidement la cheffe la plus courue de Lyon. Clients comme apprentis se pressent à sa porte : elle forme notamment Paul Bocuse, autre grand nom de la gastronomie lyonnaise, qui passe par la cuisine de son restaurant dans le col de la Luère en 1946. “C’était l’école de la vie, a t-il écrit, des propos rapportés par Le Parisien. J’y ai appris à traire les vaches, à faire la lessive, à repasser, à cultiver les légumes dans un potager. La mère ne nous accordait jamais aucun jour de repos.”
Eugénie Brazier est décédée en 1977 à 81 ans. Son héritage est prolongé par sa petite-fille Jacotte, qui dirige une association du nom de sa grand-mère qui décerne chaque année des bourses aux jeunes cuisinières de la région lyonnaise.
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