Vendredi, le New York Times affirmait que la vaste cyber attaque dont Google a été victime en décembre proviendrait de deux écoles chinoises. Une information qui soulève bien plus de questions qu’elle n’en résout.
La cyber attaque dont Google et plusieurs grandes entreprises occidentales ont été victimes il y a plusieurs semaines auraient pour origine une université et une école professionnelle chinoises, révèlait le New York Times vendredi. Affaire réglée ? Pas si sûr.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le piratage visait le code source du groupe américain et les comptes mail de plusieurs activistes chinois, dégradant les relations diplomatiques entre les Etats-Unis et la Chine, tandis que Google menaçait de quitter le pays – avant de se raviser la semaine dernière.
A la demande de Google, la NSA a lancé une grande enquête afin d’identifier l’origine de l’attaque, qui aurait commencé dès avril 2009. Selon des sources internes, elle aurait été orchestrée depuis les ordinateurs de deux écoles chinoises : Shanghai Jiaotong, une université réputée pour ses enseignements en informatique, et une école d’enseignement professionnel, Lanxiang, dont sont issus certains membres de l’armée.
L’attaque vient-elle vraiment de ces écoles ?
Pourquoi des écoles, alors que Google accusait depuis le début le gouvernement chinois d’être derrière les attaques ? Plusieurs hypothèses s’affrontent. Selon un professeur de l’université Jiaotong, « rien d’étonnant que des étudiants hackent des sites étrangers. Une des possibilités est que l’attaque provienne d’un ou deux geeks qui ont voulu appliquer les techniques de piratage qu’ils ont appris en cours« . Le piratage serait alors le fait d’individus, et non du gouvernement.
Autre hypothèse, les écoles serviraient de couverture au gouvernement chinois. « Il faut comprendre que les Chinois utilisent un autre modèle que nous. Plutôt que de pratiquer l’espionnage en ligne au sein d’agences gouvernementales comme aux Etats-Unis, le gouvernement chinois a souvent recours à des « hackers patriotes » qui soutiennent leur politique« , explique au New York Times James C. Mulvenon, un expert de l’armée chinoise et directeur du Center for intelligence research and analysis à Washington.
Dernière possibilité avancée : la Chine n’est pas derrière les attaques. Les adresses IP des ordinateurs des deux écoles serviraient de couverture à un pays ou un groupe d’intéret tiers. Sur son site zataz.com, Damien Bancal demande ironiquement si les pirates chinois seraient « plus idiots que la moyenne« .
« Le cas « Google Vs China », c’est un peu comme si vous aviez l’intention de cambrioler une banque, que vous aviez la capacité de traverser les murs comme Gérard Majax, sans déclencher la moindre alarme, mais que vous préfériez utiliser un bon gros bulldozer pour agir […] en signant vos actes via des IP et d’autres traces « Made in China ». »
« Les étudiants en informatique devraient faire leur master à Lanxiang »
Les écoles n’ont pas tardé à répliquer, balayant les accusations du New York Times d’un revers de main. « L’information du New York Times se base sur une adresse IP. Compte tenu du haut développement de la technologie réseau de nos jours, une telle information n’est ni objective ni équilibrée« , affime un porte parole de l’université incriminée auprès de l’agence de presse chinoise Xinhua.
Quant à Lanxiang, il s’agit une école professionnelle enseignant notamment la coiffure, la mécanique ou la cuisine. Les cours d’informatique se limiteraient à des tâches simples comme l’utilisation de Photoshop et le dessin en 3D.
« Les étudiants en informatique devraient faire leur master à Lanxiang« , plaisante un internaute chinois. « Je suis sur que de plus en plus de jeunes Américains viendront sous peu à Lanxiang pour apprendre l’informatique« , réplique un autre.
Quid des liens avec l’armée ? « Nos anciens élèves ont commencé à rejoindre l’armée à partir de 2006« , explique le directeur de l’école. Et contrairement à ce qu’affirme le New York Times, ces recrues seraient loin d’être des informaticiens. « Jusqu’à présent, 38 étudiants ont été recrutés pour leurs talents … dans la mécanique, la cuisine, ou la soudure électrique. »
Photo : Fleurs déposées devant la direction de Google Chine après les menaces de la compagnie de quitter le pays. Hunxue-er, Flickr
{"type":"Banniere-Basse"}