Le site d’agrégation de contenus de sites d’information ne fonctionnera plus en Espagne à partir du 16 décembre, car Google refuse de s’acquitter d’une taxe votée par le Parlement espagnol. Mais les éditeurs pourraient perdre une partie conséquente de leur trafic en ligne.
Google va mettre ses menaces à exécution. A partir du 16 décembre, Google News sera mis hors ligne en Espagne. La multinationale n’a pas apprécié que le gouvernement espagnol vote une loi fin octobre surnommée « Taxe google ». Elle oblige les agrégateurs de contenus comme Google News ou Yahoo News à verser une compensation financière à chaque fois qu’ils proposent des liens vers des sites d’information aux internautes.
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Après le vote de la loi, Google s’était fendu d’un communiqué de presse sec, se disant “déçu de cette nouvelle loi car nous pensons que les services comme Google News aident les éditeurs à augmenter le trafic vers leur site. »
Déçu au point de refuser catégoriquement de s’acquitter de la taxe espagnole. Dans un communiqué mercredi 10 décembre, la multinationale a expliqué pourquoi :
« Cette nouvelle législation oblige chaque site d’info à demander de l’argent à Google News à chaque fois qu’il montrera un lien ou une photo de leur publication. Comme Google News ne fait pas d’argent (nous ne montrons pas de pub sur le site), cette nouvelle approche est simplement pas viable ».
Des pertes de trafic importantes à prévoir
En Espagne, la loi sur la propriété intellectuelle, qui inclut cette taxe google (appelée en réalité « Canon AEDE » (Asociación de Editores de Diarios Españoles) n’a pas fait l’unanimité au sein du parlement. Elle a été votée avec 172 voix pour, mais avec 144 voix contre.
En effet, les sites d’information ne peuvent pas tous prendre le risque de fonctionner sans être référencé sur Google News. En Allemagne, l’éditeur Axel Springer (un des plus gros d’Europe, qui édite notamment Bild ou Die Welt) avait porté plainte contre Google News pour non-respect du droit d’auteur. Il avait finalement dû céder à la pression de Google le 5 novembre dernier: Google News n’agrégeait plus les contenus de près de 170 sites de presse allemands, d’après le Figaro.
En deux semaines à peine, le trafic avait « chuté de 40% », une catastrophe pour les sites d’information en ligne qui dépendent du nombre de visiteurs pour fixer des tarifs publicitaires élevés. « Nous avons peur de Google. Je dois le dire une bonne fois pour toutes et sincèrement, car presqu’aucun de mes collègues n’osent le faire publiquement« , avait souligné le président du groupe Axel Springer dans une lettre ouverte au président du conseil d’administration de Google, Eric Schmidt
La solution française
Du côté de la France, les éditeurs se sont protégés de ce risque en passant un accord avec Google le 31 janvier 2013. Les sites d’information ont accepté que leur contenu soit agrégé gratuitement par Google News. En échange, Google a créé un fond pour l’innovation dans la presse numérique, appelé « Fond Google », qui accorderait 60 millions d’euros aux médias qui présenteraient des projets innovants sur le web.
En mai 2014, on apprenait que Google avait versé, pour la première année, 16 millions d’euros à une vingtaine de médias, des plus grands (Le Figaro, le Monde, l’Express) aux plus petits (Jeune Afrique, Economie Matin et Les Inrockuptibles).
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