Google va investir dans 180 satellites dans le but d’apporter Internet aux populations qui n’y ont pas encore accès. Un créneau sur lequel le géant de la recherche en ligne bataille avec Facebook, bien décidé à s’imposer sur ce même marché.
Qui arrivera en premier ? Google et Facebook sont décidément bien résolus à investir le même marché : celui de l’apport d’une connexion Internet aux deux tiers de la population qui n’y a pas encore accès.
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Le Wall Street Journal vient de rapporter que le géant de la recherche en ligne allait investir au moins un milliard de dollars dans 180 satellites, à la fois petits et légers, qui voleraient plus bas que les satellites normaux pour apporter facilement une connexion Internet aux pays en développement.
Google 1, Facebook 0
Ce nouveau plan est une extension du projet « Loon », lancé en juin 2013 par Google, qui consistait à envoyer dans les airs des ballons de 15 mètres de large gonflés à l’hélium, ornés de panneaux solaires, censés fournir un signal mobile et une connexion Internet au-dessus des territoires qu’ils survolent.
Deux mois plus tard, Mark Zuckerberg créait le plan Internet.org avec d’autres entreprises (Ericsson, MediaTek, Nokia, Opera, Qualcomm, Samsung), pour « rendre Internet abordable » dans toutes les régions du monde. Sa stratégie de départ ? Miser sur des drones qui fonctionneraient comme des « satellites atmosphérique » capables de rester dans les airs pendant 5 ans sans se poser. En mars 2014, les sites d’information affirmaient que Facebook souhaitait acheter une entreprise de construction de drones, Titan Aerospace.
Branle-bas de combat : un mois plus tard, c’est finalement Google qui a racheté l’entreprise, annonçant être « enthousiastes à l’idée d’accueillir Titan Aerospace dans la famille Google« . D’autant que les drones sont considérés par beaucoup comme plus fiables que les ballons gonflés à l’hélium sur lesquels misaient la multinationale au départ.
« Les drones et les satellites se complètent« , a expliqué Tim Farrar, président d’une entreprise de conseil en matière de satellites, au Wall Street Journal, « les drones offrent une meilleure capacité de service dans les petites zones où les populations sont concentrées, et les satellites proposeront une couverture plus large pour les zones où il y a moins de demande. » De son côté, Facebook s’est rabattu sur la plus petite entreprise anglaise de drones, Ascenta.
Le mythe de l’entreprise philanthrope
Loin d’assumer vouloir conquérir un nouveau marché qui pourrait lui rapporter gros, Google dissémine un discours philanthrope qui n’est pas sans rappeler celui de Zuckerberg :
« Titan Aerospace et Google partagent un optimisme profond concernant le potentiel qu’a la technologie pour rendre le monde meilleur. Nous n’en sommes encore qu’aux débuts, mais les satellites atmosphériques pourraient aider à apporter Internet à des millions de gens, et aider à résoudre d’autres problèmes, comme apporter des secours aux populations sinistrées. »
Une démarche présentée comme humaniste, supposément dans le seul but d’améliorer le quotidien des 5 milliards d’habitants qui ne disposent pas encore d’une connexion à Internet.
En août 2013, le fondateur de Facebook se défendait, lui aussi, de toute recherche d’enrichissement :
“Bien sûr, nous cherchons à connecter plus de personnes, donc théoriquement nous en bénéficierons (…) Mais cette critique est un peu absurde. Les milliards d’individus qui sont déjà sur Facebook disposent de beaucoup plus d’argent que l’ensemble des prochains cinq milliards. Si nous ne pensions qu’à l’argent, la meilleure stratégie serait de nous développer uniquement sur les marchés existants.”
Une bataille pour un monopole très intéressant
Pourtant, celui qui réussirait à devenir le premier fournisseur Internet d’une zone non desservie disposerait d’un pouvoir particulièrement important, comme nous l’explique Marie-Laure Djelic, professeure à l’ESSEC spécialisée dans la gouvernance de l’entreprise et de la mondialisation :
« Si le pari marche, Facebook [ou Google] aura de facto une situation de ‘monopole’ dans toute une partie du monde. Un monopole du canal de communication, à travers les drones et leur éventuelle capacité à couvrir des régions qui sont, aujourd’hui, d’énormes zones blanches. »
De quoi aller à l’encontre de la manière dont les déploiements technologiques ont été traditionnellement « soutenus, financés et encouragés par les Etats – en particulier à travers les investissements du secteur militaire« , précise-t-elle. « Ici, on voit deux firmes privées prendre le relais et investir de manière très significative dans la version commerciale de la technologie. » Une première, qui pourrait bien accroître encore plus l’influence des deux multinationales dans le monde.
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