Avant d’investir l’Olympia, il évoque la culture française, ses projets de série, le storytelling et la fin du clash 50 Cent/Kanye West.
Tu vas faire l’Olympia le 1er décembre, avec Katerine, Feist et Peaches comme invités. C’est une étape symbolique pour un artiste étranger qui vit en France ?
Il y a un côté romantique à jouer à l’Olympia, c’est Charles Aznavour l’Olympia. Bien entendu, pour un artiste en France, c’est une étape déterminante. Il y a une atmosphère de cour royale, surtout à Paris. C’est difficile d’expérimenter, il faut maîtriser les différents cercles. Moi, j’ai commencé à me faire connaître dans l’underground, puis avec Feist, puis Katerine, puis Birkin et Aznavour avec qui j’ai collaboré. Il faut savoir passer les étapes, faire légitimer ses projets, ne pas commettre de faux pas, car le jugement est rendu très vite. C’est peut-être pour cela qu’il y a autant de “fils de” ici, c’est une question de structure de pouvoir, c’est très monarchique.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le magazine Times parlait du déclin de la culture française il y a peu. Qu’en penses-tu avec le recul que tu as ?
Je viens du Canada, un pays où l’on n’est pas forcément fier de sa culture. Et ça c’est un problème, je trouve. En France, il y a un problème d’héritage culturel à régler, il pèse lourd, c’est vrai. Mais la France, c’est quand même le pays de Daft Punk et de Michel Gondry, qui sont les meilleurs dans leur domaine depuis dix ans…
Tu travailles sur une série télé avec Céline Sciamma, la réalisatrice de Naissance des pieuvres…
J’ai besoin de faire des choses différentes, en permanence. La série est déjà écrite, la musique est faite. On pourrait tourner cet hiver. Les rôles principaux seront tenus par Philippe Katerine, Teki Latex et moi. Il y aura des guest-stars comme Housse De Racket, Guesch Patti, Lio ou Brian Molko. Jarvis Cocker a écrit un morceau sur la francophobie… J’ai besoin de changer d’univers, de support aussi. Car musicalement j’ai un “problème de goût”…
…un “problème de goût” ?
Oui, j’ai un don un peu scientifique, donc je peux écouter de la musique que je n’aime pas uniquement d’un point de vue scientifique. C’est peut-être pour cela que l’image m’intéres e autant. Par exemple, quand je travaille avec Vincent Delerm, je suis content mais j’ai un problème avec son image, qui est un peu trop polie. Et c’est pour ça que je vais préférer travailler avec Katerine, qui est l’un des mecs qui m’impressionnent le plus, ou Arielle Dombasle, parce que je préfère leur image, ça compense ce “problème de goût”… C’est aussi pour cela que j’ai dit non à Julien Doré et oui à Christophe Willem, parce qu’on sent qu’il y a une vraie lutte qui anime Christophe Willem : Julien Doré, il est trop facile, c’est moins intéressant pour moi…
Qu’as-tu pensé de la victoire d’Obama ? L’image a été au coeur de sa campagne aussi…
Oui, et il a su jouer avec ça. La victoire d’Obama, c’est un film, une histoire qui se déroule en trois temps. D’abord il y a les primaires contre Hillary Clinton, puis l’arrivée de Sarah Palin dans l’histoire, et enfin la victoire contre McCain. C’est une histoire fascinante avec un début, un milieu et une fin. Mais il y avait un côté fascinant dans la vict ire de Sarkozy. Un politique qui se présente à une élection, c’est un peu comme un musicien qui sort un album, il y a une stratégie médiatique narrative derrière. Royal, lors du congrès du PS, elle est aussi arrivée avec une stratégie narrative qui n’était pas celle de la présidentielle. Tout ce storytelling est fascinant à décrypter : là, ce qui m’intéresse en ce moment, c’est de voir comment 50 Cent va réagir à la pâtée que Kanye West est en train de lui coller. Kanye devient une vraie pop-star, accessible, gentille et pas macho, alors que 50 Cent croupit dans son image de brute. Comment va-t-il s’en sortir ?
Propos recueillis par Pierre Siankowski
{"type":"Banniere-Basse"}