Dans des pays souvent stigmatisés par la violence et la pauvreté, certains défient les traditions vestimentaires en affichant des styles hors-normes. Avec Global Style Battles, le photographe italien Daniele Tamagni montre que la mode dans les pays dits “du Sud” est plus multiple et avant-gardiste qu’on ne le croit. Alors que tous les regards sont actuellement portés sur les fashion weeks […]
Dans des pays souvent stigmatisés par la violence et la pauvreté, certains défient les traditions vestimentaires en affichant des styles hors-normes. Avec Global Style Battles, le photographe italien Daniele Tamagni montre que la mode dans les pays dits « du Sud » est plus multiple et avant-gardiste qu’on ne le croit.
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Alors que tous les regards sont actuellement portés sur les fashion weeks de Londres, Paris ou Milan, les looks les plus élaborés ne se concentrent pas forcément dans les métropoles occidentales. Partout dans le monde, « chez les plus pauvres comme chez les riches, la soif de mode grandit » écrit l’actrice Rosario Dawson dans la préface du livre. Global Style Battles rend compte du phénomène de globalisation des styles, mais aussi de la résistance et de la persévérance des traditions.
Dans ce beau livre de 292 pages, chaque chapitre est accompagné d’un texte rédigé par un journaliste qui a été au contact de chacune des communautés photographiées. Emmanuelle Courrèges a vécu vingt ans en Afrique et a couvert la dixième édition de la Dakar Fashion Week en 2012. Elle raconte la grande sophistication dont font preuve les jeunes femmes: « j’ai rarement vu un tel souci de l’élégance comme chez les dakaroises. Pendant la fashion week, c’était incroyable ». Pour elles, s’exprimer grâce à la mode est essentiel. En témoignent les photos du chapitre Xaley Fashion & Dirianké: de magnifiques sénégalaises prennent prennent la pose, comme cette captivante mannequin aux tresses bleu électrique. Hyper féminines, les dakaroises se plaisent à jouer avec les volumes et les couleurs.
« Les sénégalaises, et plus généralement les femmes Africaines, arrivent parfaitement à mixer une paire de Louboutin avec des vêtements plus traditionnels » explique Emmanuelle Courrèges.
Beaucoup de gens n’imaginent pas que la mode africaine est aussi très pointue: « les créateurs africains utilisent souvent des textiles traditionnels, la volonté de préserver leur patrimoine subsiste. Ils gardent une balance très contemporaine » raconte Emmanuelle. Comme partout, les influences anglo-saxonnes sont très présentes:« c’est en voyant Beyoncé et Solange Knowles porter du wax qu’il s’est réinscrit dans le vestiaire des jeunes femmes sénégalaises » poursuit-elle. Ce tissu traditionnel -habituellement associé aux « mamans »- rend compte de la globalisation des styles à travers le monde: pour redevenir trendy et moderne, le wax a dû passer par des stars Américaines.
Si la mode tend aujourd’hui à s’uniformiser, notamment en raison des réseaux sociaux, ce qui la définit en premier lieu, c’est bien la rue: « Au bout du compte, se distinguer, c’est attirer les regards » écrit Daniele Tamagni. De La Paz à La Havane, en passant par Johannesburg ou Yangon en Birmanie, le photographe démontre que tout n’est qu’une question d’audace et d’identité. Une belle leçon de style.
Lauréat en 2007 du Canon Young Photographer Award grâce à un reportage sur les dandys congolais, Daniele Tamagni publie deux ans plus tard Gentlemen of Bacongo, préfacé par Paul Smith. Essentiellement concentré sur l’esthétique des différentes modes de la rue, le photographe remporte en 2011 le World Press Photo in Arts and Entertainment.
Global Style Battles, Modes et Sud Cultures Urbaines, Daniele Tamagni, Editions Carré, sortie le 1er octobre 2015
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