Atours girl power, campagne décalée et vouvoiement de rigueur : Gleeden s’est imposé comme le site préféré des femmes mariées. Son créneau : l’infidélité.
Il lui donne rendez-vous dans une chambre d’hôtel avec cette consigne : l’attendre habillée sur le lit, un bandeau sur les yeux. Sur son profil, il se décrit comme un « beau grand brun de 34 ans ». Valérie, elle, en a 47. Il a insisté pour la rencontrer dans cet établissement discret de La Ciotat. Il entre et s’assied à côté d’elle. Il se met à la caresser, à l’embrasser et lui demande d’enlever son bandeau. Elle refuse. Sans faire exprès, elle a vu à travers. En réalité, il est petit, chauve et beaucoup plus vieux que prévu.
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Des hommes, Valérie en côtoie des dizaines par jour sur Gleeden, premier site français de rencontres plébiscité par les personnes mariées.
« J’ai vu la pub dans un magazine, j’y vais quatre heures par jour, c’est ma drogue. »
Chef d’entreprise à Hyères fraîchement divorcée, elle ne cherche pas de relation durable. « Les hommes mariés viennent de Paris, de Bordeaux pour me voir, raconte-t-elle, fantasque. On a du mal à s’imaginer ce qu’ils sont capables de faire, ils peuvent prendre l’avion pour faire un aller-retour à Hyères dans la journée. » Ce qui l’a attirée, c’est la courtoisie du site.
Sur Gleeden, on tchatte à la deuxième personne du pluriel. « Contrairement aux autres sites de rencontres, la femme est reine », assure Anne-Sophie, porte-parole du site. Avec « 80 % de CSP+ et 80 % de personnes mariées » inscrites, Gleeden vise une clientèle haut de gamme de 35 à 50 ans et surfe sur deux constats : 50 % des couples divorcent, et les 50 % qui restent ont des problèmes de désir qui baisse avec le temps.
Contraction de « joie » et de « Eden » en anglais, Gleeden promet donc le paradis aux femmes désireuses de s’offrir des escapades extraconjugales et joue à fond la carte de l’infidélité. On se souvient de la campagne de pub placardée dans le métro, la veille du deuxième tour de l’élection présidentielle : « Parce qu’il ne faut pas se tromper le 6 mai, notre site sera fermé exceptionnellement. » Ou encore leur slogan : « Restez fidèle… à vos désirs ». En deux ans, la stratégie de la marque a porté ses fruits : la start-up compte trente salariés, 1 300 000 utilisateurs et 150 % de croissance par an.
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Astrid, DRH dans une boîte du CAC 40, a croqué dans la pomme en 2011. Pour elle, le paradis se rapproche chaque jour de l’enfer. Inscrite pour pallier la baisse de libido de son mari, les six premiers mois elle « s’éclate » : flirts, dîners, cadeaux virtuels. Elle jongle avec plusieurs hommes en même temps : « Toutes mes rencontres débouchaient sur une relation. » Puis elle se lance dans une liaison passionnelle avec un homme marié, CSP++, qui refuse de divorcer.
« Il me donne rendez-vous dans des cocktails avec sa femme, et on part faire l’amour aux toilettes. Je ne sais plus si je dois quitter mon mari et bousiller ce que j’ai mis vingt ans à construire. »
Amoral, Gleeden ? Pour parer aux critiques l’accusant de favoriser le mensonge ou les divorces, le site se revendique féministe et adepte du girl power. « Gleeden permet à un certain nombre de gens de dépasser l’héritage machiste, où la femme infidèle est moins bien vue que l’homme infidèle. »
« Nous n’avons pas inventé l’infidélité », argue Anne-Sophie « Beaucoup de gens sont inscrits dans l’objectif de rester en couple. Les rencontres sont une respiration pour oxygéner le couple. Ça peut paraître contradictoire, mais c’est la réalité » Et au cas où le conjoint officiel viendrait à passer derrière l’ordi, un bouton escape permet de s’échapper en douce du site. Beaucoup de membres ont choisi d’être redirigés sur lequipe.fr. L’adultère, un sport ?
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