A travers des entretiens, des vidéos des manifestations et des chiffres, “StreetPress” fait un point sur les violences policières durant le mouvement des Gilets jaunes, et avant. Le documentaire “Gilets jaunes, une répression d’Etat” est en accès libre.
17 novembre 2018. 282 000 personnes manifestent dans toute la France pour l’acte I. Dès la semaine suivante, des violences éclatent dans les manifestations. Et le 1er décembre, pour l’acte III, la perte de maintien de l’ordre est évidente. « On a failli tomber« , aurait alors dit Patrick Strzoda, le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, au président. Ainsi commence le documentaire de StreetPress, Gilets jaunes, une répression d’Etat. En accès libre, ce docu, dévoilé le 21 mai, décrypte les dérives policières qui ont accompagné le mouvement.
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« C’est le mouvement social le plus réprimé, et ce depuis le début », assure Cécile Amar, journaliste à L’Obs, interrogée dans le documentaire. D’autres journalistes, des militants et des victimes de violences policières y témoignent longuement de la répression des mouvements sociaux des dernières années.
Vanessa, dont le front est marqué par une grande cicatrice, raconte son histoire. Le tir de flash-ball, son crâne ensanglanté, la perte partielle de sa vue et les traumatismes psychologiques depuis le 15 décembre 2018 sur les Champs-Elysées. Elle fait partie des 519 personnes blessées depuis le début des manifestations des Gilets jaunes selon un recensement du journaliste David Dufresne sur Mediapart.
24 personnes éborgnées par un tir de flash-ball
Dans le documentaire, Pierre Douillard, étudiant et auteur de L’arme à l’oeil, retrace l’armement progressif de la police depuis les années 90. Lui-même a été éborgné par un tir de flash-ball durant les manifestations de lycéens en 2007. En marge du mouvement des Gilets jaunes, 24 personnes auraient perdu l’usage de leur œil, selon le bilan dressé par Dufresne.
Plus qu’un documentaire sur les Gilets jaunes
De la création de la brigade anti-criminalité (BAC) et son utilisation toujours plus importante dans les manifestations, à la judiciarisation du maintien de l’ordre, en passant par la généralisation du LBD – une « arme politique de terreur« , pour Pierre Douillard – le documentaire de StreetPress dénonce les violences policières comme un mécanisme d’Etat. Cécile Amar rappelle que cette volonté étatique n’est pas propre au mouvement des Gilets jaunes, mais s’inscrit dans un contexte plus large : « Depuis l’état d’urgence, les pouvoirs politiques restreignent les libertés fondamentales. (…) De plus en plus de dispositions de l’état d’urgence sont inscrites dans le droit commun.«
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