En plein mouvement des « gilets jaunes » contre la hausse des prix du carburant et la baisse du pouvoir d’achat, Emmanuel Macron a défendu son plan pour la transition écologique. S’il veut « garder le cap », il dit « entendre la colère », qui « vient de loin ».
Depuis dix jours, des centaines de millier de personnes manifestent ou bloquent les routes, vêtus de gilets jaunes, pour protester contre la hausse des prix du carburant, et la baisse du pouvoir d’achat, souvent aux cris de « Macron démission! ». Pour la première fois, Emmanuel Macron a répondu à cette colère sociale, lors d’un discours prononcé depuis l’Elysée ce 27 novembre sur la transition écologique. Voici ce qu’on peut en retenir.
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Les propositions
Sur le fond, Emmanuel Macron a déroulé ses engagements en matière de transition écologique. Il veut “réduire nos besoin en pétrole, charbon, gaz, de manière concertée, en prévoyant les investissements publics et en apportant des solution adaptées et concertées sur le terrain”. Concrètement, il annonce vouloir fermer l’ensemble des centrales à charbon d’ici 2022, et transformer notre production d’électricité en misant sur les énergies renouvelables. Le premier parc éolien en mer ouvrira ainsi au large de Saint Nazaire d’ici 2022. Il annonce aussi une réduction de 50% de la part du nucléaire, mais « en repoussant l’échéance à 2035 » (au lieu de 2025). Il souhaite également élaborer une stratégie européenne, par exemple pour que l’UE soit plus autonome des Coréens et des Chinois dans la production de batteries pour les voitures électriques.
“Cette transition ne doit pas se faire à n’importe quel prix”
A plusieurs reprises, le président de la République a fait part de sa compréhension vis-à-vis de la colère qui s’exprime. Même s’il continue de marteler qu’il « maintiendra le cap » fixé par son programme, car il est “conforme à nos engagements internationaux, et à notre engagement moral vis-à-vis de nos enfants et petits enfants”, il estime que “cette transition ne doit pas se faire à n’importe quel prix”.
“Les représentants des gilets jaunes” associés au dialogue
Selon lui, le mouvement actuel traduit un clivage profond dans la société française, entre les « laissés pour compte » de la mondialisation, et les autres. Dans son discours, il a insisté sur l’inclusion des premiers : « Il ne faut pas qu’aux inégalités de revenus générés par la mondialisation s’ajoutent les inégalités face à transition énergétique, où plus riches ont des factures allégées, et les plus modestes des factures plus lourdes, car ils n’auront pas eu les moyens d’investir”. Pour cesser d’accentuer ces « inégalités entre territoires« , Emmanuel Macron souhaite “que partout sur nos territoires, ce débat se tienne” dans les trois mois à venir. Y seront inclus les acteurs sociaux, patronaux, politiques, économiques, industriels, mais aussi “les représentants des gilets jaunes”, pour proposer des solutions qui ne soient pas déconnectées des réalités sociales contrastées de la France.
Pour une “écologie populaire”
A cette occasion, le chef de l’Etat a fait part de sa conception d’une « écologie populaire« , qui ne soit pas seulement l’apanage des « bobos ». “Cette crainte [d’être laissé pour compte], je ne peux que la comprendre, a-t-il déclaré. Tout sera mis en oeuvre pour que l’écologie à la française puisse être une écologie populaire.” Pour qu’il en soit ainsi, il faut selon lui « changer de méthode« , et associer davantage les citoyens pour que les décisions ne s’imposent pas « d’en haut » sans adaptation par rapport aux zones rurales. Il reconnaît ainsi lui même que le chèque énergétique proposé en compensation de la hausse des prix du carburant est insuffisant : “Nos réponses sont trop abstraites, uniformes. Le chèque énergie, les gens ne savent pas ce que c’est, et en réalité, concrètement, moi non plus. Ce n’est pas assez simple, donc les gens qui en ont besoin ne l’utilisent pas. Tout ce qui a été pensé n’est pas utilisé par les plus fragiles.”
La réponse aux « casseurs » et à la « démagogie »
Alors qu’Emmanuel Macron est de plus en plus contesté par tous les bords de l’opposition, et qu’il est au plus bas dans les sondages, il a répondu à ceux qui, selon lui, profitent de la situation pour le cibler. Evoquant les « casseurs », il promet : “A ceux là (qui cassent), la réponse sera nette : l’ordre public, rien que l’ordre public”. Aux responsables politiques qui s’associent aux gilets jaunes, il répond : “Des gens utilisent cette situation avec beaucoup de mauvaise fois, car ils voudraient refaire les élections de mai 2017. La vie démocratique est faite de plus en plus de démagogie. Nous sommes plongés dans ce monde, à nous de le relever”.
“Transformer les colères en solutions”
Jusqu’au bout de son discours, il a souhaité colmater la brèche entre lui et les gilets jaunes, montrer qu’il était à l’écoute, et qu’il ajusterait sa méthode de gouvernement pour, dit-il, « transformer les colères en solutions ». Livrant une analyse plus distante de la situation, il explique qu’elle a des racines lointaines : “Il y a dans ce qui s’exprime quelque chose qui vient de plus loin, sans doute de plusieurs décennies. Je ne me cacherai pas derrière la responsabilité des autres, de mes prédécesseurs ou d’autres acteurs. Je crois comprendre cette colère sourde, ces rancunes et rancœurs du pouvoir que les citoyens sentent loin d’eux, ce sentiment d’avoir des vies empêchées, bloquées par les taxes, les normes, la perte de sens de l’aventure collective qu’est une nation. Notre devoir est d’y apporter une réponse.”
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