George Weah, ancien footballeur et désormais homme politique, repart en campagne. Objectif de cette vieille gloire du PSG : la présidence de son pays, le Liberia. C’est sa deuxième tentative.
Haïti, Liberia, même combat ? Tous deux gangrénés par le malheur, d’une catastrophe naturelle à une guerre civile, les deux pays sont le théâtre des aspirations présidentielles d’enfants du pays ayant fait fortune loin de leurs frontières.
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Si l’actualité braque ses projecteurs sur le rappeur Wyclef Jean du côté d’Haïti, l’histoire ne doit pas oublier que c’est bien l’ancien footballeur George Weah qui a ouvert le bal dès 2005, en se présentant à l’élection présidentielle au Liberia. Aujourd’hui, le sportif remet le couvert. En homme politique bon teint, Weah vient d’annoncer, à 44 ans, son intention de se représenter pour l’élection de 2011.
Une coalition qui ratisse large pour décrocher la victoire
Dimanche, à la tribune d’un meeting de son parti, le Congrès pour le changement démocratique (CDC), George Weah a fièrement annoncé la formation d’une coalition politique en vue de la prochaine élection présidentielle prévue pour octobre 2011. George Weah sera le candidat de ce groupement aux contours uniques dans le paysage politique local.
Outre le CDC, qui fera figure de parti-pivot, cette coalition regroupera plusieurs partis d’opposition, dont le très décrié Front national patriotique. Ce vieux parti fût longtemps l’instrument politique et le bras armé de l’ancien président Charles Taylor (à la tête du pays de 1997 à 2003), principal initiateur de la guerre civile qui a ravagé le pays pendant les années 90, causant la mort d’au moins 120 000 personnes. Charles Taylor est aujourd’hui jugé par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone ; il est accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
En 2005, le novice récolte 40% des voix
Cette annonce marque donc le point de départ de la deuxième campagne de George Weah pour accéder au pouvoir. En 2005, tout auréolé de son statut de superstar du football mondial (PSG, Chelsea, Milan AC, le joueur a même été sacré Ballon d’or en 1995), confortablement installé sur son siège d’idole de la jeunesse libérienne, Weah avait réuni en seulement quatre mois une partie du personnel politique du pays pour soutenir sa candidature à la présidentielle.
Une élection au caractère bien particulier : elle inaugurait une nouvelle ère politique au Liberia, après la démission de Taylor en 2003 et deux années d’administration du pays par les Nations unies au titre d’une « transition démocratique« .
Vierge de toute expérience, l’ancien footballeur, qui avait mis fin à sa carrière en 2002, atteint le second tour de l’élection. Adversaire de l’économiste et membre de la Banque mondiale Ellen Johnson-Sirleaf , Weah s’incline, récoltant tout de même près de 40% des voix.
A l’époque, plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer l’immaturité politique de George Weah, mais aussi pour émettre des doutes sur sa nationalité libérienne, lui qui réside en partie aux Etats-Unis et dispose d’un passeport français (obtenu au moment de son passage au PSG). Des accusations qui n’empêchent pas Ellen Johnson-Sirleaf, bonne joueuse, de proposer à son adversaire malheureux le poste de ministre des Sports et de la Jeunesse. Un poste que l’intéressé décline poliment.
« Je ne suis qu’un honnête homme qui veut voir son pays prospérer »
Aujourd’hui, George Weah est une figure politique reconnue. Fraîchement diplômé en administration des affaires d’une université de Miami, l’homme embrasse parfaitement son nouveau costume. En 2009, il s’est présenté aux élections sénatoriales du pays. Il s’impose désormais comme le principal opposant de la Présidente, qui a annoncé son intention de se représenter en 2011.
Le duel entre les deux personnalités est donc lancé. Depuis quelques semaines, George Weah tient le même discours :
« Je pense qu’avec l’aide d’une bonne équipe, je dispose des capacités nécessaires pour développer ce pays. Nous pouvons faire mieux que ce que fait Ellen actuellement. Je ne suis qu’un honnête homme qui veut voir son pays prospérer. Je veux voir les habitants de ce pays grandir, je veux qu’il y ait une véritable classe moyenne. »
La présidente pointée du doigt pour son rôle dans la guerre civile
Le 4 août dernier, George Weah lançait une première banderille en appelant sa rivale à renoncer à sa candidature, s’appuyant sur les recommandations émises par la Commission « vérité et réconciliation ». Cet organe, parrainé par les Nations unies, a été chargé de faire la lumière sur les crimes commis pendant la guerre civile. Son rapport pointait notamment du doigt Ellen Johnson-Sirleaf, accusée d’avoir soutenu financièrement le conflit. A ce titre, la Commission recommandait que la présidente n’ait plus le droit d’occuper une fonction officielle pendant les trente prochaines années.
Une brèche béante en plein coeur du pedigree d’Ellen Johnson-Sirleaf, que George Weah pourra utiliser à sa guise pendant sa campagne. A une condition : qu’il soit aussi bon stratège politique que footballeur. La tâche risque d’être ardue tant le bonhomme a excellé dans son ancienne vie :
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