A l’occasion de la célébration du centenaire du génocide arménien, deux documentaires s’intéressent à la suite de l’histoire, notamment aux actes de représailles individuels ou collectifs “terroristes”.
On parle peu souvent du génocide arménien de 1915, premier grand massacre ethnique du XXe siècle qui fit plus d’un million de victimes, éliminées par les Turcs suivant un plan préfigurant la solution finale nazie. La commémoration du centenaire de l’événement fait l’objet de deux documentaires qui en éclairent différentes facettes. Tous deux ont trait à des actes violents menés en représailles à cette extermination méthodique initiée par le gouvernement des Jeunes-Turcs, dont le but était de parer à la montée en puissance de la communauté chrétienne du pays (à laquelle appartenaient les Arméniens).
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Le génocide ayant été perpétré lors de la Première Guerre mondiale et sous la bénédiction tacite des Allemands (alliés des Turcs), il restera caché, nié par la Turquie, ignoré par la communauté internationale. Pour le sortir de l’ombre, il faudra un coup d’éclat, en 1921, objet du documentaire de Bernard George, La Vengeance des Arméniens – Le procès Tehlirian : l’assassinat par Soghomon Tehlirian de l’ancien ministre de l’Intérieur turc et grand vizir Talaat Pacha, à Berlin.
Scènes de reconstitution
Ce concepteur de la solution finale turque s’était en effet réfugié en Allemagne après la guerre. Tehlirian agissait dans le cadre de l’opération Némésis, fomentée par un groupe arménien clandestin. Le documentaire est constitué en grande partie d’archives, mais aussi de scènes de reconstitution convaincantes du procès Tehlirian, qui révéla au monde le génocide. Les décennies suivantes, la cause et la question arméniennes, escamotées par l’Union soviétique qui avait pris le pays sous son implacable giron, restèrent en sommeil et on oublia peu à peu le génocide, jamais reconnu comme tel par la Turquie. Puis, en 1975, à l’occasion de son 60e anniversaire, fut fondée au Liban, grande terre d’exil des Arméniens de la diaspora, l’Asala (Armée secrète arménienne de libération de l’Arménie), par des sympathisants du Front de libération de la Palestine (FLP) tels que Hagop Hagopian.
S’inspirant des Palestiniens, initiateurs du terrorisme moderne, Hagopian et son groupe vont alors commettre une centaine d’attentats dans le monde, visant en principe les intérêts turcs, mais finiront par devenir incontrôlables après un attentat meurtrier à Orly en juillet 1983. C’est cet environnement et cette histoire que déroule le film d’Audrey Valtille, L’Armée secrète arménienne, étude de la question sous un angle français. Y témoignent certains des anciens membres de l’Asala, mais aussi de célèbres Français d’origine arménienne, comme Patrick Devedjian, qui fut l’avocat des terroristes de l’Asala lors d’un procès, ou même le journaliste grand public Charles Villeneuve, de mère arménienne.
A l’instar de l’acte précurseur de Tehlirian, les actions puis les exactions de l’Asala eurent non seulement pour effet de rappeler l’horreur impunie des massacres de 1915, mais rendirent (provisoirement) populaire la cause arménienne. Ceci reposant la question du bien-fondé du terrorisme, plus que jamais d’actualité. Il se justifie ou non, selon les avis et les contextes, mais restera éternellement ambigu.
L’Armée secrète arménienne documentaire d’Audrey Valtille. Lundi 27, 23 h 55, France 3
La Vengeance des Arméniens – Le procès Tehlirian documentaire de Bernard George. Mardi 28, 22 h 25, Arte
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