[En vue de la grève mondiale pour le climat du 15 mars, nous dressons le portrait des moins de 30 ans qui s’érigent contre la catastrophe climatique.] Vincent Verzat, Lyonnais de 28 ans, est derrière la chaîne YouTube « Partager c’est sympa », fer de lance de l’activisme écologique 2.0 dans l’hexagone.
Un homme aux tempes grisonnantes frappe à la porte. Il entre dans un bureau et s’assoit face à jeune femme. En arrière-plan, un tableau blanc où l’on peut lire « Département de la jeunesse ». « Je viens de voir le résultat de vos initiatives pour lutter contre le dérèglement climatique et protéger la biodiversité », démarre la jeune femme, visiblement mécontente. D’abord souriant, l’homme va vite déchanter : « Je suis désolée mais ce n’est ni fait ni à refaire, conclut son interlocutrice. A croire que vous les adultes, vous croyez vivre sur une autre planète. » Telle est l’introduction de la dernière vidéo publiée par la chaîne YouTube Partager c’est sympa (50 000 abonnés), mise en ligne le 11 mars. Baptisée « Le sérieux a changé de camp », elle annonce clairement la couleur : « A quoi ça sert d’aller en cours si c’est pour avoir un job inutile sur une planète morte ? En 2050 vous serez mort, pas nous. »
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Ce style, volontairement provocateur est devenu la marque de fabrique de la chaîne Partager c’est sympa, pilotée par Vincent Verzat et ses trois acolytes : Olivier Escalon, Astrid Barthélemy et Victor Vauquois. Originaire de la capitale de la Gaule comme Enjoyphoenix, Vincent Verzat a rapidement préféré la sauvegarde de la planète au tuto beauté. Le Lyonnais de 28 ans a tourné sa première vidéo en septembre 2015 pour l’étape locale du tour Alternatiba. Un coup d’essai qui va le lancer. Une semaine après les attentats du 13 Novembre, il s’en prend à François Hollande via la vidéo Daesh : on fait quoi maintenant. Sur Facebook, la vidéo devient virale. Il comprend alors la puissance de ce médium pour faire passer ses messages.
« Mettre en avant des gens qui passent à l’action »
« Les vidéos ultra pêchues militantes que je réalisais dans le cadre de mon travail en tant que vidéaste activiste donnaient la patate à pas mal de gens mais ce n’était pas suffisant pour permettre à de nouvelles personnes de rejoindre notre mouvement, développe-t-il en expliquant le point de départ de Partager c’est sympa. J’ai donc créé une chaîne en me mettant en avant pour raconter des histoires et mettre en avant des gens qui passent à l’action. C’était important de voir leur visage, de les entendre parler pour qu’on comprenne enfin que quelque chose est en train de se passer. »
Petit à petit, il s’impose comme l’un des principaux relais médiatiques dans la récente mobilisation pour la préservation du climat en France. En octobre 2018 il a publié Il est encore temps (265 000 vues), en marge de la Marche pour le climat et, plus récemment, L’affaire du siècle (300 000 vues) du nom de cette pétition qui veut assigner en justice l’Etat pour inaction climatique, qu’il a contribué à lancer.
« On leur apprend à bien à obéir à l’école et à flipper pour les notes »
Vincent Verzat traîne déjà derrière lui un sacré CV de militant écolo: La COP21 à Paris ; la perturbation du sommet du pétrole off shore à Pau ; l’aéroport Notre-Dame-des-Landes ou le blocage d’une centrale à charbon, dans l’est de l’Allemagne : il est de toutes les « éco-luttes ». D’ailleurs, s’il fait déjà figure d’ancien dans la lutte pour la préservation de la planète, il voit d’un très bon œil la récente mobilisation lycéenne, et l’émergence de figures comme Greta Thunberg : « C’est hyper intéressant de voir que toute une tranche de la population peut se mobiliser. D’autant que ce n’est pas simple pour eux, car on leur apprend à bien à obéir à l’école et à flipper pour leurs notes en vue de l’obtention du bac. »
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Pour les aider, il a lancé le site https://ilestencoretemps.fr/ pour guider tous ceux qui souhaitent s’investir. « On a réalisé qu’il y avait tout un vocabulaire et des mécanismes dans la lutte. Les marches sont l’expression d’un mécontentement. Il faut qu’on apprenne à passer à l’action politique, qu’on s’organise différemment. » Et lorsqu’on lui demande s’il reste chez lui une trace de confiance dans le pouvoir politique, il explique, sans se défausser : « Avoir confiance c’est quelque part accepter d’être dans une part d’aveuglement. C’est une manière de dire : ‘On s’en fout’. Mais on ne s’en fout pas, on ne s’en fout plus. On regarde droit dans les yeux le fait que ça va avoir réellement des conséquences sur nos vies et sur la vie de milliards d’êtres humains. On n’a plus confiance car on a suffisamment d’informations qui nous portent à voir que ce problème n’est pas du tout pris en main. »
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