En suivant trois joueurs de haut niveau, le documentariste Hervé Martin-Delpierre montre, dans un récit haletant, le caractère compétitif de l’e-sport.
Ceci n’est pas un documentaire sur les jeux vidéo… pas exactement. Aussi loin des exercices de légitimation esthétique du médium que des exposés plus ou moins bien intentionnés sur le mythe de l’addiction vidéoludique, Game Fever tiendrait plutôt du film d’anticipation… mais légère, car le monde en train d’advenir dans lequel il plonge le spectateur est presque là.
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La Corée du Sud – où Hervé Martin-Delpierre a promené sa caméra pendant trois ans entre deux escales en Chine ou à Los Angeles –, en tout cas, a sauté le pas : là-bas, avec ses fortunes en jeu et ses diffusions télé, l’e-sport est roi.
L’un et l’autre parviendront-ils à revenir au premier plan ?
L’e-sport (ou sport électronique), c’est la pratique du jeu vidéo dans le cadre d’une compétition. Le documentariste – auteur l’an dernier du remarqué Daft Punk Unchained et en 2013 du 52 minutes Game over qui effleurait le sujet – aborde le phénomène en suivant trois représentants de son élite mondiale : les Coréens Moon et sOs, et le Chinois Gogoing, respectivement maîtres de League of Legends, Starcraft II et Warcraft III.
Le premier doit momentanément tourner le dos à l’e-sport pour cause de service militaire. Le deuxième est un vainqueur qui doute et se met à perdre. L’un et l’autre parviendront-ils à revenir au premier plan ? La réponse est dans Game Fever. Gogoing, lui, fait partie de l’équipe OMG qui ose aller défier chez eux les Coréens, rois du game.
Ce sont ainsi trois destins singuliers de la galaxie e-sport qui s’offrent à nous. Trois parcours qui servent aussi d’entrée dans un univers étonnant (voir par exemple les gaming houses, ces cohabitations parfois un rien spartiates de joueurs d’une même équipe sous la surveillance de leur manager) mais à la fois curieusement familier.
Car, de l’entraînement aux tournois devant une foule en délire (ou tendue à l’occasion), c’est un récit sportif aux contours finalement assez classiques qui se déploie devant nous, quelque chose comme la grandeur et la décadence, en attendant un éventuel rebond, de quelques champions pas forcément faits pour ça.
La meilleure idée de Game Fever est là : plutôt que de plaider pour la reconnaissance de la nature sportive (encore contestée) du jeu vidéo, la faire apparaître comme une évidence par son mode de narration et, des coulisses parfois ternes à la scène illuminée, les codes de sa représentation. Malgré une ou deux petites fautes de goût (dont la présence, en voix off, d’un faux duo de commentateurs), le documentaire parvient par ailleurs à rendre tout ça palpitant. GG.
Game Fever documentaire d’Hervé Martin-Delpierre. Mercredi 26, 20 h 50, Canal+
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