Moqué depuis 48 heures par la majorité, qui lui reproche d’être en retrait dans la crise grecque et sur le G20, le candidat socialiste poursuit tranquille la préparation de sa campagne mais répond à l’offensive.
Depuis deux jours, l’UMP est en ébullition sur le cas François Hollande. L’offensive est générale. Interventions des ténors de la majorité à la radio et à la télévision, sur le thème de l’absence médiatique du socialiste en pleine tourmente européenne, communiqués de presse en rafale, tweets vengeurs (« franchement, vous imaginez @fhollande aux côtés de Barack Obama ? » « Pendant que Hollande s’occupe de l’affaire Guerini et des accord avec EELV, Sarkozy s’occupe du monde avec Obama », etc.).
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L’objectif est clair : montrer le décalage entre un président aux manettes et un candidat pas encore en campagne. Et surtout tenter de démontrer le manque de carrure internationale du député de Corrèze.
Vendredi soir, juste avant l’interview croisée de Barack Obama et de Nicolas Sarkozy aux JT de France 2 et TF1, on voyait aux Guignols sur Canal + un François Hollande un peu empêtré, aux côtés de Lionel Jospin activant son vieux portable pour joindre… Gorbatchev, Clinton, Jean Paul II… ou même Kadhafi !
Obama vs Monsieur Dugenou
Il y a quelques mois, c’est Nicolas Sarkozy lui-même qui se moquait de François Hollande en soulignant que lui pouvait parler à Obama quand le socialiste ne pouvait s’adresser qu’à « Monsieur Dugenou, ramasseur de champignons en Corrèze ».
« Oui, j’aime bien parler aux Dugenou !« , plaisante samedi matin François Hollande, qui assume parfaitement sa contre-programmation du week-end : Foire du livre à Brive, match de rugby, visite de fermes et rencontre avec ses administrés en Corrèze. « Les Français doivent être au cœur de ma démarche », explique-t-il aux Inrocks.
S’il reconnaît que l’interview télévisée des présidents américain et français « peut faire impression », il ajoute aussitôt que « la réalité est cruelle » et que le G20 n’est pas, par exemple, parvenu à un résultat concluant sur l’instauration d’une taxe sur les transactions financières, un instrument qui divise Paris et Washington.
« La cigale Sarkozy a chanté tout vendredi »
Evoquant le nouveau plan de rigueur, qui doit être dévoilé lundi par François Fillon, après d’ultimes arbitrages de Nicolas Sarkozy ce week-end, François Hollande joue les fabulistes :
« Il y aura la TVA, des mesures d’austérité… En somme, la cigale Nicolas Sarkozy a chanté tout vendredi mais les Français seront lundi les fourmis de la farce ! »
François Hollande a prévu de ne lancer qu’en janvier sa campagne présidentielle. Et il n’entend pas bouleverser son calendrier sous la pression de l’UMP. « On les connaît leurs arguments : la gauche dépensière, irresponsable, inexpérimentée… eh bien ils verront ! » s’amuse-t-il.
Pour l’instant, le candidat socialiste travaille à l’organisation de sa campagne et réfléchit aux arbitrages qu’il va lui aussi devoir faire en matière de financement du projet présidentiel.
« Ce n’est pas la crise qui me dicte l’agenda, j’avais déjà dit que j’établirais la liste des priorités. Chaque candidat dans une campagne doit faire la hiérarchie des possibilités (…) Nous sommes contraints par la faible croissance de 2012 mais rien ne dit qu’en 2013 ou 2014 ce sera la même chose », explique-t-il.
Mercredi, François Hollande tiendra une conférence de presse, à l’issue d’une réunion avec des économistes, pour expliquer ses solutions à la crise européenne. Il préconise déjà de « doter le Fonds de stabilité financière de manière puissante pour permettre à la Banque centrale européenne d’intervenir » et « une relance de la croissance ».
Enfin, François Hollande est quand même décidé à quitter la France des Dugenou pour s’en aller parcourir le vaste monde. Une visite à Washington est prévue dans les prochaines semaines. « Il n’y a pas de rendez-vous accordé par le président américain au chef de l’opposition. Mais la tradition veut que quand on rencontre le vice-président, le président passe une tête dans le bureau », explique le socialiste, qui prévoit aussi d’aller au congrès du SPD à Berlin et peut-être au Brésil.
Hélène Fontanaud
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