Après les échecs et le jeu de go, les machines battent désormais les humains au chifoumi. Bientôt, le jeu n’en vaudra plus la chandelle.
Autant affronter une calculette et un dictionnaire électronique dans une partie des Chiffres et des lettres. Voici l’amer constat qu’avait déjà dû faire le champion d’échecs Kasparov en son temps après sa défaite contre Deep Blue, l’ordinateur d’IBM. Idem pour le Sud-Coréen Lee Sedol, l’un des maîtres du jeu de go, qui s’est incliné mi-mars face à l’intelligence artificielle de Google.
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On objectera que, dans les deux cas, l’ordinateur n’a pas remporté toutes les manches, mais c’est être bien naïf. C’est le papa qui met de côté son orgueil pour laisser gagner sa petite fille à la course à pied sur la plage, rien de plus. Les machines connaissent l’importance que l’on donne à notre amour-propre et savent que nous avons encore le doigt sur l’interrupteur pour décider de leur sort.
Vraie machine à calculer
Qu’espérait-on au juste ? On admirait chez ces humains forts en maths leurs capacités cérébrales proches de l’ordinateur. Ne disait-on pas : “Lui, c’est une vraie machine à calculer” ? Et pas seulement à cause de son acné… Quoi d’étonnant donc que le perfectionnement des ordinateurs ait anéanti leur prestige. Dernier camouflet, dernière insulte à notre intelligence : le microprocesseur nous vainc maintenant aussi au chifoumi, l’éternel “pierre, feuille, ciseaux”.
Benjamin Dyson, un chercheur de l’université du Sussex, vient de publier une étude, repérée par le site Futura-Sciences, qui montre comment notre stupide instinct et notre propension à l’émotion brute annihilent nos chances de victoire au jeu le plus primitif qui soit. Il n’y a pourtant qu’une seule et simple stratégie à adopter pour l’emporter au chifoumi : le hasard.
Penser irrationnellement
Mais l’humain est ainsi fait qu’après une défaite, il s’énerve et se met à penser irrationnellement. Ainsi, si nous perdons avec les ciseaux, l’ordinateur sait que nous ne les utiliserons plus, nous boudons cette arme qui nous a fait perdre.
L’ordinateur n’a plus qu’à sortir une feuille pour l’emporter au prochain coup. A l’inverse, nous sommes si sûrs de nous lorsque nous gagnons avec la feuille que, statistiquement, nous la ressortirons, l’ordinateur ricane de notre prévisibilité et triomphe avec les ciseaux.
Martingales électroniques
Il existe aussi cette main robotique japonaise capable, en fonction du mouvement de notre main, de déterminer en une milliseconde quelle forme nous nous apprêtons à déployer et d’y trouver immédiatement la parade. Tricheuse. Les machines nous auront bientôt confisqué toutes formes d’activités ludiques. Les accros aux casinos l’ont compris depuis longtemps en se cognant contre les martingales électroniques.
Que nous restera-t-il ? Comment gagner un cache-cache contre un radar ? Le moyen de battre une Encyclopædia universalis en ligne à Questions pour un champion ? Pourquoi croyez-vous qu’on n’ait pas encore doté de jambes les lanceurs automatiques de balles au tennis et au base-ball ? Restent les jeux de mime et la Bonne Paye, éventuellement. Quel ennui.
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