Les relations entre le Front National et la presse ont toujours été tumultueuses. Comme le rappelle ce top 10 de France Tv Info, Marine Le Pen est souvent prompte à dénoncer le mauvais traitement médiatique que lui réservent les journalistes. Ces mauvais rapports entre presse et FN ne concernent pas que la direction du parti, comme le révèle un article de Libération.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Dans certaines communes gagnées par le Front National aux élections municipales de mars 2014, certains maires se font, en effet, un malin plaisir d’empêcher les journalistes de faire correctement leur travail. Les journaux régionaux se voient ainsi privés d’informations, et les reporters insultés et menacés.
Des journalistes ostracisés
A Fréjus, la mairie FN de David Rachline ne transmet par exemple plus les annonces d’état civil au journal Var-Matin, les journalistes n’ont plus accès à la table de presse lors du conseil municipal, et les élus et chefs de service ont reçu la consigne de ne plus communiquer avec eux. Comme le résume le journaliste Eric Farel : « Il y a toujours eu des problèmes avec certains maires, mais en quarante ans de métier, je n’ai jamais vu cela ».
Racolage passif dans les colonnes de @Var_Matin : https://t.co/QgpC88mUBN #Fréjus
— David Rachline (@david_rachline) 29 juillet 2016
(exemple de critique assenée par David Rachline à Var-Matin)
David Rachline entend combattre les médias qui ont « fait le pari de la caricature et de l’esprit militant pour vendre du papier », ajoutant : « puisqu’ils disent ce qu’ils pensent, je me sens le droit d’en faire autant. » La rédaction de Var-Matin a alors dénoncé, dans un éditorial du 4 juin, une « parole confisquée » et la « stratégie bien commode du complot : la politique légèrement parano du « avec nous ou contre nous », le bunker plutôt que le balcon ».
Des attaques personnelles
Du côté d’Hénin-Baumont, les choses sont à peu près similaires avec le maire FN Steeve Briois. C’est un long combat avec la Voix du Nord, qui s’est intensifié quand le journal appelait à ne pas voter pour le parti frontiste aux élections régionales. Bruno Bilde, adjoint de Steeve Briois et chargé de la communication, énonce ainsi « Désormais, nous les traitons donc comme des adversaires politiques. Je ne leur file plus aucune information, sauf cas extrême ».
(Une de la Voix du Nord du 1er décembre 2015)
La Voix du Nord est souvent prise à partie, notamment par le journal municipal Hénin-Beaumont, c’est vous !, qui accusait par exemple en février le quotidien régional d’avoir insulté les habitants de la ville. Le chef de la rédaction d’Hénin-Beaumont, Pascal Wallart, est même qualifié de « larbin » et de « militant ». Ce dernier juge que « cette attitude est contre-productive pour eux. Car le résultat, c’est que l’on ne couvre plus l’actualité politique de la ville. »
Une guerre déclarée
Le journal municipal de Bézier est lui aussi un moyen pour le maire Robert Ménard, soutenu par le Front National, d’attaquer le quotidien régional Midi libre. L’ancien patron de Reporters sans frontières (RSF), critique la « caste journalistique », « persuadée d’incarner le bien, le beau, le juste ». Et avec les journalistes de Midi libre la guerre semble déclarée. Il ne vendra ainsi pas d’espace publicitaire au journal régional lors de la feria en août, une première.
Les relations entre les journalistes et le maire ne risquent pas de s’arranger. En mai 2015, les deux journalistes du Club de la presse de Languedoc-Roussilon, qui se sont essayés à une médiation, ont été jetés du bureau de Robert Ménard au bout de sept minutes, qualifiés de « tocards », les médias régionaux de « sous-presse », et Midi libre de « journal de merde »…
{"type":"Banniere-Basse"}