Avec « Friday », sa chanson pourrie, son clip en carton et ses dizaines de millions de vues sur Internet, Rebecca Black, 13 ans, défie toutes les règles du bon goût et touche au star system.
1. Le clip douteux
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Si tous les clichés du clip de teenager sont réunis (décapotable, potes enthousiastes, petits pas de danse et bras en l’air), il est ici plutôt question d’âge ingrat que d’adolescence épanouie. Ainsi, fait rare dans l’industrie mainstream, cette vidéo donne à voir de vrais adolescents, de ceux qui se tartinent de fond de teint bon marché pour tenter de camoufler leurs boutons et transpirent la maladresse du collégien qui n’arrivera jamais vraiment à faire partie du crew des cool. Les Beaux Gosses sans aucun second degré ? Il semblerait bien puisque Rebecca est produite par Ark Music Factory, une entreprise basée à L. A. et spécialisée dans la composition de chansons pour jeunes enfants riches qui souhaitent goûter aux joies du star system.
A la vue du clip, on imagine aisément que Rebecca a convié ses vrais potes et leur appareil dentaire respectif pour tourner avec eux. De quoi sonner l’heure de gloire de cette joyeuse bande de “nunuches sympas”, le genre de filles obligées d’être gentilles parce qu’elles sont moches. Résultat : le tout ressemble à un sketch de Saturday Night Live se moquant de la pop adolescente et rappelle les pires heures de nos histoires personnelles.
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2. Les paroles consternantes
Est-ce parce que tout le monde est particulièrement laid dans le clip de Rebecca que les auditeurs et internautes prêtent soudainement attention aux paroles ? En tout cas, moins nombreux sont ceux qui critiquent la prose de Katy Perry (dont le refrain du dernier single est quand même : “Bébé t’es un feu d’artifice…”) du moment qu’elle montre sa plastique à grand renfort de costumes suggestifs. Quoi qu’il en soit, Rebecca, elle, s’en prend plein la tronche avec son désormais culte :
“C’est vendredi, vendredi/ On doit se mettre bien le vendredi/Tout le monde attend le week-end, week-end/Vendredi, vendredi (…) Hier c’était jeudi, jeudi/Aujourd’hui c’est vendredi, vendredi/On est trop excités, trop excités/On va s’éclater aujourd’hui/Demain c’est samedi/Et dimanche vient après/Je ne veux pas que ce week-end s’arrête.”
Si certains esprits chagrins pourront y trouver à redire, c’est parce que ceux-ci n’ont pas saisi la profonde réflexion sur le temps qui passe de Rebecca (13 ans), qui s’improvise ici en Pierre de Ronsard autotuné.
3. Friday I’m in lol
Puisqu’Internet aime le mauvais goût, l’échec cuisant et la raillerie permanente, Rebecca est devenue un petit phénomène. Sorte de version ratée de Justin Bieber, elle reproduit le même schéma : utilisation de la viralité du Web, voix nasillarde, pop teenage écervelée et rappeur re-noi en featuring (à la différence près que personne ne connaît celui de Rebecca). Repérée par Comedy Central, qui postait la vidéo sur son blog avec, pour légende, “Songwriting isn’t for everyone” (“Le songwriting, ça n’est pas pour tout le monde”), la chanson a, depuis, été élue comme la pire de tous les temps par les médias.
Chaque personnage du clip possède désormais sa fanpage sur Facebook (“The girl in pink who danced awkwardly in Rebecca Black’s Friday”, “The black guy who drives to Rebecca Black’s party”) et ses gifs animés. Le morceau compte désormais de nombreux remixes moqueurs. Si c’est une parodie, c’est bien joué : Rebecca est entrée dans le top 100 des meilleures ventes iTunes, devant Katy Perry.
Diane Lisarelli
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