Sillonnant la France et la Belgique à vélo, François Prost immortalise les discothèques rurales et péri-urbaines pour sa série “Clubs”. Un magnifique travail, poétique et sociologique, qui en bande-son pourrait accueillir le ” Do you remember the first time” de Pulp. Pourquoi avoir choisi ce sujet? L’idée m’est venue en 2009 : je traversais la Bourgogne […]
Sillonnant la France et la Belgique à vélo, François Prost immortalise les discothèques rurales et péri-urbaines pour sa série « Clubs ». Un magnifique travail, poétique et sociologique, qui en bande-son pourrait accueillir le » Do you remember the first time » de Pulp.
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Pourquoi avoir choisi ce sujet?
L’idée m’est venue en 2009 : je traversais la Bourgogne en vélo, je suis passé devant une discothèque au bord d’une route perdue. Sur le parking gisaient encore quelques débris de bouteilles et des flyers déchirés de la veille. Cela m’a replongé quelques instants dans les méandres de mon adolescence et m’a instantanément séduit. Je l’ai prise en photo. En retombant sur cette image quelques années plus tard, j’ai eu envie d’en faire une série, car c’est selon moi un sujet universel : tout le monde a au moins un souvenir de discothèque. Les discothèques sont pour beaucoup les endroits des premières fois : premiers baisers, premières cuites, premières sensations de liberté totale, autrement dit des moments phares qui marquent les premiers pas de la vie d’adulte.
Qu’est ce que ces « Clubs », la plupart situés en province, représentent pour vous?
Le sujet de la série ne correspond pas vraiment aux clubs de province mais plutôt aux clubs en général, une bonne partie des images ont été faites en région parisienne à ce titre (et aussi certaines en Belgique). J’ai choisi de photographier des clubs en zone péri-urbaine et en zone rurale car ils sont plus intéressants, les clubs placés en centre ville étant souvent très peu exposés et mis en valeur par manque d’espace. Il faut également savoir que les discothèques sont souvent relayées en dehors des zones urbaines car elles déplaisent à la communauté et atterrissent donc souvent dans des préfabriqués de zones industrielles voire carrément dans des zones agricoles.
Concernant les différentes choses que j’ai pu entendre ou lire sur ce projet, il n’y a pas de volonté de stigmatiser les discothèques, l’intention est de dresser un portrait objectif des devantures avec tout le folklore qui va derrière, et tous les souvenirs que cela induit chez chacun. Disons qu’il faut y voir une certaine nostalgie plutôt que de la moquerie.
Quelles ont été vos inspirations? On pense notamment à Ed Ruscha…
Ed Ruscha ainsi que Bernd et Hilla Becher sont effectivement des références assez fortes dans le domaine, et on ne fait pas mieux en terme de composition aujourd’hui. Bon nombre de photographes contemporains se sont d’ailleurs inspirés de leurs photos (Eric Tabuchi et sa série de stations services abandonnées, Christopher Herwig et sa série d’arrêt de bus soviétiques). Je citerais également Raymond Depardon et sa série “La France de Raymond Depardon » qui m’a bien marquée lorsque je l’ai découvert il y a quelques années et dont je me suis fortement inspiré.
Une ou deux anecdotes mémorables sur la réalisation de ces photos?
J’ai beaucoup circulé en train et à vélo, donc il m’arrivait parfois de faire beaucoup de kilomètres pour être assez déçu au final. Sinon, j’ai eu affaire à quelques chiens pas toujours très urbains… Je me suis également prêté à quelques cascades périlleuses pour trouver des points de prise de vue corrects, et j’ai dû une fois faire un délit de fuite à cause d’une alarme déclenchée dans un hangar. En repartant à vélo, j’ai croisé la voiture du gendarme quelques kilomètres plus loin…
Quels sont vos projets?
Je suis en train de réfléchir à faire un livre, je continue de produire des images pour cela.
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