Depuis sa défaite cuisante au premier tour de la présidentielle le 23 avril (il avait obtenu 20% des voix), François Fillon s’est fait très discret. Il n’avait même pas dit mot de la victoire d’Emmanuel Macron au second tour. Silence radio. Qu’il sorte de ce mutisme est donc un événement. Ce 20 mai, Le Parisien […]
Depuis sa défaite cuisante au premier tour de la présidentielle le 23 avril (il avait obtenu 20% des voix), François Fillon s’est fait très discret. Il n’avait même pas dit mot de la victoire d’Emmanuel Macron au second tour. Silence radio. Qu’il sorte de ce mutisme est donc un événement. Ce 20 mai, Le Parisien a enfin obtenu un commentaire de l’ex-candidat LR, et il s’agit d’une autocritique de sa propre campagne.
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« J’ai sûrement fait une connerie »
Auprès d’un ancien ministre qu’il a eu récemment au téléphone, il déclare ainsi :
« Par rapport à Sens commun (émanation politique de la Manif pour tous opposée à la loi Taubira, ndlr), j’ai sûrement fait une connerie. Je n’aurais pas dû leur donner autant de place dans ma campagne. »
Ce propos rapporté a fait l’effet d’une déflagration dans les rangs de Sens commun, comme on pouvait s’y attendre. D’autant plus que l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy avait cajolé ce mouvement avant le premier tour, en promettant à ses membres des ministères, ou encore en conseillant à Christian Estrosi, hué par ses militants, de « ne pas les mettre en cause”. « Ce sont des gens dévoués et qui me soutiennent formidablement. Je n’ai aucune raison de les repousser”, soutenait à l’époque François Fillon.
Retour de bâton
Ce revirement de situation a mis la droite conservatrice, proche de la Manif pour tous, en émoi. Ainsi l’ancien président des jeunes de la Droite populaire, Pierre Gentillet, traite Fillon « d’ingrat », selon Le Figaro, et ajoute, cinglant :
« Le même Sens commun qui lui a sauvé la mise en organisant le grand rassemblement au Trocadéro qui lui a évité d’avoir à se retirer. »
Le président de la Fondation Jérôme Lejeune – association opposée à l’avortement et proche de la Manif pour tous –, Jean-Marie Le Méné, a pour sa part critiqué François Fillon pour son incapacité à tenir une ligne conservatrice digne de ce nom :
« Fillon sans Sens commun faisait un résultat encore plus faible. Sens commun a surestimé Fillon, incapable de porter le courant conservateur.”
L’autocritique de François Fillon a suscité également quelques commentaires opportunistes du côté du Front national, tenté de voir là une occasion de diviser la droite traditionnelle : « Inélégance de monsieur Fillon, si attaché aux apparences vestimentaires et qui crache sur ceux qui ont permis le Trocadéro », lâche ainsi Pascal Gannat, chef de file du FN dans les Pays de la Loire. L’ancien eurodéputé frontiste Jean-Yves le Gallou a également lâché ses coups, critiquant le revirement circonstanciel de François Fillon :
Pour se reconvertir grâce au CAC 40 et calmer ses procureurs #Fillon doit boire le calice jusqu'à la lie et renier #SensCommun #Trocadero https://t.co/eaCSNPIg4G
— Jean-Yves Le Gallou (@jylgallou) May 20, 2017
Bref, l’intéressé, déjà tenaillé par ses affaires judiciaires, va finir par ne plus pouvoir dire un mot sans s’attirer la foudre de ses anciens camarades.
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