Aux commandes des matinales estivales de France Culture et chroniqueuse tout l’été dans 28 minutes sur Arte, Olivia Gesbert impose sa voix fine.
Associée depuis trois ans à la douce et mélancolique torpeur des fins d’après-midi dominicales avec sa revigorante émission Dimanche, et après ? sur France Culture, où elle opérait un retour approfondi sur un grand thème de la semaine politique écoulée, Olivia Gesbert retrouve depuis début juillet un rythme plus tendu et nerveux, à la tête des Matins d’été.
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Un autre tempo, un rapport plus immédiat à l’actualité. Mais si elle ajuste ses récits au cadre plus contraignant et serré de la matinale radiophonique, elle ne perd pas pour autant la placidité et la sérénité de ses interventions au micro. Peut-être est-ce dû à sa voix, toujours posée et habitée d’une douceur inflexible : même au réveil, elle garde la suavité qui nous accompagnait déjà sur la route du retour à la vie réelle, les maudits dimanches soir.
Formée à l’école du reportage
Structurée autour de deux moments – l’un consacré à l’actualité générale, l’autre à l’actualité culturelle de l’été –, sa matinale a vite trouvé son rythme et son identité. Circulant depuis le début des années 2000 entre France Inter et France Culture, Olivia Gesbert, la petite quarantaine, a imposé au fil du temps son tempérament de journaliste affûtée et précise, rigoureuse et attentive, curieuse et modeste.
Formée notamment à l’école du reportage au long cours, grâce à son expérience accumulée auprès de Daniel Mermet (la mythique émission Là-bas si j’y suis), elle s’est affirmée comme une fine intervieweuse, autant à l’aise avec les politiques reconnus qu’avec les créateurs excentriques.
A l’inverse de certains confrères et consœurs obsédés à l’idée de personnifier leur art de l’interview, elle ne semble jamais sacrifier la délicatesse de sa conversation au profit du show égotiste. Sa signature de journaliste se limite à la rigueur de son questionnement. Elle éclaire l’auditeur plutôt qu’elle ne cherche à l’éblouir.
Attendue à La Grande Table à la rentrée
Son sens de l’écoute et l’éclectisme de ses affinités lui serviront évidemment pour animer dès la rentrée de septembre l’émission du midi, La Grande Table, à la place de Caroline Broué, qui pilotera dorénavant la nouvelle matinale de France Culture le samedi.
L’élargissement de son territoire radiophonique – d’un goûter dominical à une tablée quotidienne – a même trouvé cet été une autre voie : la télévision, grâce à la version estivale de l’émission d’Arte 28 minutes, où elle propose chaque soir un billet sur l’actualité (à la place de Nadia Daam) auprès de Renaud Dély. “Je voulais faire comme Patrick Cohen”, dit-elle en plaisantant.
Elle rappelé ainsi que la fatigante fonction d’anchor(wo)man peut aussi s’accommoder d’une présence sur un plateau télé en fin de journée. A la voix du matin se greffe le visage d’un soir, au son de la radio s’ajuste l’image télévisée, dans un accomplissement médiatique mérité.
Après ce rush estival, elle se consacrera exclusivement à l’animation de La Grande Table, l’une des toutes meilleures émissions de débats culturels et intellectuels en France. De quoi satisfaire sa curiosité intacte et faire proliférer son tact journalistique. Jean-Marie Durand
Les Matins d’été du lundi au vendredi, 7 h-9 h, France Culture
28 minutes du lundi au vendredi, 20 h 05, Arte
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